Le formidable parcours des Lionnes indomptables a démontré à suffisance à nos experts en théorie du développement du sport en général et du football en particulier, qu’il faut arrêter de pérorer dans les médias en s’inspirant des prototypes et modèles importés, au lieu de concevoir des créations made in Cameroun.
Le football moderne est un spectacle qui nécessite une très bonne organisation et un engagement des acteurs sur le terrain. Cette organisation passe par des terrains de jeu construits selon les normes internationales et permettant un bon accueil des spectateurs, dans un environnement sécurisé avec une excellente couverture médiatique. A ce bouquet il faut ajouter la qualité technique des joueurs sur la pelouse, pour que le public se déplace en masse.
Le merchandising pour financer les clubs
Au cours de la CAN féminine de football, les gadgets aux couleurs nationales ont atteint un pic de vente jamais égale depuis la fabuleuse épopée des Lions indomptables à la coupe du monde 1990. Plus de deux milliards de francs de bénéfice ont été engrangés par les fabricants de maillots, de drapeaux, bandeaux et autres sifflets et trompettes… Des fabricants camerounais qui ont essentiellement fonctionné au noir, car il s’agissait des copies du maillot de la marque PUMA. Eh oui, l’habilleur de nos équipes nationales avait vu gros dès le départ, imposant des maillots à des prix exorbitants pour nos populations. A travers les réseaux de confection chinois, ils ont reproduit simplement les maillots dans une texture de bonne facture que s’arrachent les supporters. La leçon de l’histoire est qu’il est possible d’imaginer que les investisseurs locaux se lancent dans la fabrication de tenues de sport sur des marques locales pour habiller nos clubs, dans les différents championnats et développer l’industrie de l’habillement. Voilà un créneau porteur lorsqu’on s’engage dans le professionnalisme.
Une réflexion doit être menée par les investisseurs en manque de créneau, car sous nos cieux, ceux qui dirigent notre mouvement sportif, adeptes de la politique du moindre effort se tournent vers les pouvoirs publics pour financer leurs activités. Tous les observateurs ont constaté que les entreprises commerciales souvent frileuses dans le financement d=es évènements et surtout du sport, ont sollicité les espaces publicitaires pour communiquer durant la CAN. Ce qui signifie que lorsque les conditions du succès sont réunies, alors les sponsors suivent. Dans cette organisation il y a la programmation qui tient une place importante. Les rendez-vous sont connus longtemps à l’avance et respectés. L’agenda du chef de l’état est fondu dans celui de l’organisation, ce qui veut dire que ce n’est pas la présidence de la république qui décide de la date de la tenue de la finale. C’est important à retenir pour l’avenir, car les blocages observés dans la gestion de nos compétitions nationales viennent surtout des impondérables du calendrier présidentiel.
Moderniser définitivement nos compétitions
La FECAFOOT est à un tournant dangereux. Il faut désormais imposer aux clubs de créer un poste de marketing et d’action commerciale pour mieux présenter leurs projets sportifs, car un club doit réaliser un projet sportif pour susciter des adhésions. Nous avons des atouts que sont les stades modernes, la télévision nationale dotée d’un matériel de pointe adapté à la diffusion de spectacles sportifs, avec un personnel qualifié prêt à jouer sa partition. Nous ne devons plus nous tourner vers les pouvoirs publics pour le financement du sport de haut niveau car le public a prouvé qu’il est prêt à suivre qi le spectacle offert est de bonne facture. La prestation des supporters de Bamboutos de Mbouda lors de la dernière finale de la coupe du Cameroun est encore vivace dans nos esprits. Il y a du grain à moudre, il faut associer toutes les intelligences pour que les différentes activités sportives se professionnalisent. C’est possible, il faut y croire et se lancer dans la bataille.
Pierre Pochangou