Leurs noms étaient attendus après la publication officielle par le Conseil constitutionnel des résultats de la Sénatoriale 2023 au Cameroun. C'est désormais chose faite et le tableau de la Chambre haute du parlement affiche désormais complet pour la 3ème législature. Comme le lui confie la loi, Paul Biya, le Président de la République, a nommé les 30 autres sénateurs. Le décret de nomination de ces sénateurs a été lu le 31 mars 2023 sur les antennes de la Radio et de la Télévision nationale. Cela intervient à quelques jours de la session de plein droit de cette nouvelle cuvée de sénateurs camerounais après les précédentes législatures depuis la mise en fonction du Sénat au Cameroun, législatures diversement appréciées par les populations.
Après un scrutin dont l'organisation par Elections Cameroon a été appréciée favorablement par la grande majorité de la classe politique camerounaise et de nombreux autres acteurs intervenants dans les processus électoraux dans le pays, le RDPC, le parti au pouvoir, a raflé la mise. Les 70 postes de Sénateurs élus sont revenus au parti de Paul BIYA, qui jouit également d'une forte majorité à la Chambre basse, l'Assemblée nationale du Cameroun. Les différents partis de l'opposition qui ont présenté les candidats à cette élection indirecte n'ont pas pu briser cette fois-ci les murs opaques du RDPC, contrairement à la dernière élection, où on comptait quelques sénateurs de l'opposition élus au milieu toujours d'une large majorité de ceux issus du rang du parti au pouvoir.
Pour essayer de donner à ce Sénat une petite respiration et de tenter d'étouffer sa forte saveur monocolore, le président Paul Biya a tendu la main à l'opposition dans sa désignation des 30. C'est ainsi qu'on peut noter l'entrée dans la liste de 6 autres formations politiques en plus de son parti, le RDPC. Il s'agit du SDF, de l'UNDP, de l'UPC, de l'ANDP, du Mdr et du FSNC.
Les curiosités et les faits constants
En terme de chiffres, le Sénat du Cameroun pour cette nouvelle mandature compte après cette nomination, au total 94 Sénateurs du rang du RDPC, 33 femmes contre un peu plus d'une vingtaine au dernier mandat, 6 Sénateurs de l'opposition. Pour certains observateurs, c'est une grande avancée et prise en compte des femmes dans l'échiquier politique camerounais. Pas de trace de certaines formations politiques comme l'Union Démocratique du Cameroun(UDC), le PCRN, l'UMS entre autres, qui avaient pris part aux élections sénatoriales et dont certains camerounais attendaient tout au moins la désignation des Sénateurs dans ces rangs pour permettre au futur Sénat d'avoir un autre visage et comme aussi "récompense de l'engagement, de l'animation de la scène politique et même leur participation à la construction de la démocratie camerounaise."
(c) Crtvweb
Les partis politiques qui sont entrés dans le Sénat restent les mêmes qui étaient dans la précédente législature ou bénéficiaient de ce décret présidentiel. D'où la déception de certains camerounais immédiatement après la publication de ce décret. Beaucoup au Cameroun attendait après le raz-de-marée du RDPC, "un peu plus d'ouverture vers d'autres partis politiques" ou des changements de personnes. "Ce sont les mêmes qui reviennent, réagissent ces camerounais mélancoliquement. Certaines figures sont même remplacés par leurs enfants, font remarquer d'autres camerounais, déçus aussi, disent-ils de lire certains noms. C'est le cas visiblement du roi Bamoun, Ibrahim Mbombo Njoya décédé tout comme Chief Mukete de la Région du Sud-Ouest, qui sont remplacés littéralement par leurs fils. Le président du Sénat, Marcel Niat revient malgré le poids de l'âge et les signes visibles de fatigue après de longs et loyaux services rendus à la République qu'il continue d'ailleurs de servir. Il y'a également d'autres "coming back" comme le lamido du Rey Bouba ou encore celui de Banyo, le Dr Pierre Flambeau Ngayap, Xavier Menye pour ne citer que ces noms qui figuraient déjà au Sénat et dont le mandat finit officiellement dans quelques jours avec l'entrée en fonction des nouveaux Sénateurs élus et nommés - au total, 100 parlementaires de la Chambre haute comme stipule la constitution camerounaise.
Ces citoyens camerounais visiblement déçus se demandent également si ce nouveau Sénat, avec sa grande majorité RDPC et presque "les mêmes figures nommées" pourra vraiment faire la différence et face aux défis actuels de cette Chambre et de la démocratie au Cameroun au regard du contexte et de la soif de l'alternance ou du changement qui animent certains ou la grande majorité. C'est là, toute la question et on ne perd rien à attendre pour voir ce qui va se passer.
Aboubakar Sidick MOUNCHILI