La délégation du Cameroun, à l’image du dynamisme des populations et de la position de leader dans la sous-région Afrique centrale, est très active à Istanbul en Turquie, dans le cadre du sommet mondial des minorités musulmanes. Les différentes interventions dans le cadre des échanges avec les autres participants ou les prises publiques de parole au second jour de cette rencontre, sont très appréciées à juste titre par les uns et les autres. « Le Cameroun est une terre bénie de Dieu, un pays extraordinaire, une riche diversité et l’exemple d’une vie harmonieuse entre les populations et l’acceptation de la différence, un creuset de la tolérance réciproque qu’ils nous semblent utile de relever ici. C’est une denrée rare. Beaucoup de gens sont admiratifs et demandeurs qu’un tel don que Dieu a accordé à ce pays, à son peuple et à ses dirigeants leur soit accordé aussi dans leur pays et ce sommet est le cadre d’exprimer cette richesse, bien sûr en s’inscrivant dans la démarche de l’identification des problèmes auxquels font face spécifiquement les musulmans, l’approche des solutions concertées et les perspectives avenirs dans l’intérêt de tous les citoyens camerounais sans exception » soutiennent les membres de cette délégation.
Délégation composée de trois personnes, conduite par le grand Cheick Modibo Ousmanou BIA, vice-président de l’Union Islamique du Cameroun, trois profils qui se complètent et témoignage à Istanbul, dans le cadre de ce sommet, d’une communauté qui se bat chaque jour pour apporter sa pierre à la construction de la nation et d’un pays très ouvert, attaché à la paix et aux valeurs humaines, trois visages et origines qui traduisent l’harmonie et les efforts de la lutte contre le tribalisme et les conflits de génération, entre autres, qui caractérisent l’Union Islamique du Cameroun et le Conseil Camerounais des Imams, des Mosquées et des Affaires islamiques dans leur démarche.
Dans le concert de prise de paroles et de diagnostic sans complaisance de la situation des musulmans dans les différentes régions du monde, les membres de cette délégation ont permis de mieux découvrir le Cameroun sur cette problématique. Pendant que la situation avoisine la catastrophe et l’inimaginable dans certains coins de la planète, le cliché est tout autre malgré de nombreux problèmes dans ce pays soutiennent –ils aussi. Les discriminations voire même l’exclusion dans la vie publique, soulevées par certains participants, le problème de voile, les persécutions des musulmans par exemple, ne sont pas des faits existant au Cameroun. La sous représentativité à certaine échelle, pour citer ce cas, émane de la communauté elle-même qui, de par son histoire avec l’arrivée de l’Islam, n’a pas été préparée aux enjeux du futur. « Contrairement au christianisme venu en terre Camerounaise en 1820 par les colons qui vont ériger prioritairement des écoles, infirmeries, léproseries, églises et grandes plantations sur l’étendue du territoire national, les premiers Musulmans n’auront rien réalisé de manière moderne pour produire plus tard les personnels qualifiés dont le Cameroun aura besoin à la veille de son indépendance. Ainsi, les activités de la communauté musulmane ne seront visibles qu’à travers la construction des mosquées, des zâwiyât, des espaces où ils se rassemblent pour étudier le Coran et les sciences islamiques et pratiquer des séances de zikr (mémoration d’Allah). En plus de cela, ils avaient des activités individuelles socio-économiques dans les domaines variés tels l’élevage, l’agriculture, le commerce et l’artisanat », peut-on lire dans le document de contribution au second panel de ce sommet sous le sous-thème "problèmes à propos des droits fondamentaux et des libertés des minorités musulmans et propositions de solutions".
Les conséquences sont palpables aujourd’hui à l’heure des défis à la fois pour le pays dans son ensemble et pour les musulmans. On peut citer le manque criard des cadres musulmans, des professionnels ou des qualifications dans certains secteurs pointus comme la santé, l’ingénierie, l’éducation et la formation dans les filières innovantes car beaucoup de musulmans abandonnent l’école avant le secondaire. La situation est plus préoccupante pour les jeunes filles. Mais le cri d’alarme est lancé et des programmes à la fois étatiques et privés, des ONG et même venant des associations islamiques sont en œuvre pour jubiler ce problème car au fond, seule une infirme minorité des jeunes musulmans dans l’ensemble pousse les études à cause aussi de la pauvreté et de la misère des parents. On peut également citer le manque des leaders ou encadreurs musulmans formés à la bonne source, capable de mieux prendre et traiter les problèmes de la jeunesse et aussi de la préparer à jouer un rôle pilote en tant qu’acteurs précieux d’une communauté qui a pour devoir aussi de contribuer efficacement au développement du pays et de toute l’humanité.
L’ état des lieux de la situation des musulmans au Cameroun laisse tout de même des pistes d’espoir a mentionné le chef de la délégation de l’UIC avec le travail qu’abat le gouvernement contre les discriminations sur toutes ses formes, d’abord pour l’accès de tous et dans les mêmes conditions, dans les tous les domaines, éducation, économie, politique, emploi etc., et c’est d’ailleurs un principe sacré contenu dans la loi fondamentale et sur lequel les autorités veillent. Seul les musulmans manquent à l’appel par faute de formation dans certains cas. Cet espoir est possible aussi grâce au travail des organisations comme l’Union Islamique du Cameroun(UIC), l’Association Culturelle Islamique Culturelle du Cameroun ( ACIC) et l’Association Solidaire de la Vocation Islamique du Cameroun(ASSOVIC) et bien d’autres acteurs organisés ou non, et la riche coopération que le Cameroun entretient avec des pays comme la Turquie et dont les œuvres, s’il faut prendre l’exemple du domaine religieux et de la formation de l’élite musulmane de demain, sans oublier d’autres secteurs, sont nombreuses au Cameroun et parlent d’elles-mêmes, d’après le président même de l’Union Islamique du Cameroun, cheikh Ibrahim Mbombo Moubarack, joint au téléphone.
Une coopération fructueuse et grandissante entre le Cameroun et la Turquie
La Turquie est un grand pays ami et partenaire du Cameroun dans plusieurs domaines. Les relations au sommet entre les deux pays sont les plus reluisantes sans cesse prometteuses. Les fruits de la dernière visite du président camerounais, Paul Biya, en Turquie sont là pour témoigner de l'excellence de ces relations, commentent assez régulièrement, sans ambages de nombreux camerounais. La participation de l'Union Islamique du Cameroun à ce sommet mondial sur les minorités musulmanes n'est pas aussi le fruit du hasard.
La première invitation à une assise de telle envergure remonte à 2006 à travers le gouvernement camerounais par le biais du ministère des relations extérieures qui avait contacté le bureau de l’UIC, alors représenté par le président de la coordination nationale de l'époque, le Dr Ibrahim Moubarak Mbombo pour participer à l'Assemblée des leaders religieux des pays et communautés musulmanes d'Afrique. Une participation qui lui a permis d’honorer son pays en faisant larges échos de la voix du Cameroun et des défis auxquels font face, dans leur ensemble, les populations de ce pays, foisonnement de cultures, fait face. Ce dernier avait saisi cette occasion pour adresser une demande au président des affaires religieuses de la Turquie à visiter
Une invitation qui s’est matérialisée avec la visite effective, quelques temps plus tard, de S.E. Mehmet Görmez, président des Affaires religieuses de la Turquie dans la capitale camerounaise et dont les retombées sont inestimables aujourd’hui, non seulement au sein de la communauté, mais aussi pour tous les camerounais. Construction des écoles, de forages, des bourses d’études, le soutien multiforme à de nombreuses organisations, présence auprès des orphelins et autres populations vulnérables sont à inscrire dans ce registre de l’après visite et de la coopération que le Cameroun, du haut du sommet de l’état, souhaite toujours plus enrichissante avec la Turquie, berceau des cultures aussi et de la civilisation musulmane, un pays qui s’est engagé pour être présent partout où le devoir l’appelle pour le bien de l’humanité.
Aboubakar Sidick MOUNCHILI
Envoyé spécial à Istanbul