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Un quart de siècle comme Roi, dans un contexte bien particulier dans lequel modernité et tradition se conjuguent en même temps qu’elles se querellent, avec tout ce qu’on peut imaginer comme impact dans le quotidien des populations, ça mérite qu’on s’arrête un moment pour creuser le secret ou  y jeter le regard qu’il faut. Non seulement un regard, mais aussi faire un standing ovation au Roi des bamoun dont le début des règnes a été comme on le sait, perçu sous fond de pessimisme par certaines langues. Mais au fil des années, MBOMBO NJOYA a démontré que le sultan Njimoluh Seidou, 18ème Roi de la dynastie de Nshare YEN, son père, avait bien vu en le désignant comme son successeur et le roi des Bamoun. Que de difficultés n’a-t-il pas rencontré et continue même de rencontrer mais toujours avec un tableau qui affiche des victoires pour la stabilité d’un peuple, d’une culture et d’un patrimoine que tout le monde envie.  25 ans du règne du Roi se fêtent aussi. Tout le royaume est en fête. Les festivités taillées à la portée de la grandeur de cet évènement et l’estime que tout un peuple apporte à son Roi se sont ébranlées sur le terrain. Au fil des ans, le Roi s’entretient régulièrement avec le journaliste Pierre Pochangou auquel il a fait des confidences sur différents sujets d’actualité. Ici une compilation des réflexions faites par Ibrahim Mbombo Njoya. Tout un secret de règne !


                                     

A propos de  la succession et des problèmes observés
 
« De plus en plus les tribunaux sont pris d’assaut par les conflits liés à la gestion des successions. Nous-mêmes sommes régulièrement sollicités pour régler des différents du même ordre. Il ressort de tout ceci que nous sommes confrontés à deux conceptions de la vie d’aujourd’hui. D’une part, il y a les us et coutumes Bamoun qui ont établi que le successeur est désigné selon les volontés testamentaires du chef de famille. Sur le plan du droit coutumier, un tribunal existe qui connaît de ces conflits. Nous savons par ailleurs que pour ce qui concerne les notables nous recevons les testaments et assurons la gestion des cérémonies d’intronisation des héritiers. Je précise que ce qui concerne les autres citoyens, le Palais n’est nullement impliqué. »
 
De la célébration du 25ème anniversaire
« Nous avons choisi de reconstituer le cérémonial d’intronisation du Roi dans ses principales composantes. Le programme que nous avons mis au point est intégralement celui de ce cérémonial que beaucoup de jeunes âgés de vingt-cinq ans n’ont pas eu l’occasion de vivre. Je voudrais leur donner l’occasion de le vivre, avec le port des attributs vestimentaires, ainsi que les rituels divers, mais c’est aussi une occasion unique de donner aux autres populations du Cameroun et du monde de redécouvrir la richesse de la culture Bamoun. Un quart de siècle est un temps suffisamment long dans une vie humaine aussi lorsque le Dieu Tout Puissant vous donne l’opportunité de traverser ce temps-là, il nous est venu l’idée de le partager avec les autres… »
 


De la transition administration – tradition


« AHHHHAHHHH Je dois d’abord rendre un vibrant hommage aux Nkom « notables intronisateurs » lesquels avaient l’information du choix de mon père pour ma personne, et qui sont restés fidèles ç leur engagement d ne pas faire filtrer l’information. Certains d’entre eux étaient régulièrement en contact avec moi, alors que j’occupais de hautes fonctions dans le gouvernement, mais ils ne m’ont jamais fait connaître quel était le secret qu’ils détenaient. Jusqu’à la dernière minute, ils sont restés  comme des tombes.
Pour ce qui concerne le changement de statut, passer de celui d’administrateur membre du gouvernement à celui de Roi des Bamoun n’était facile. J’avais une vie de famille et des amis avec lesquels je partageais l’essentiel de mon temps affectif. Une fois assis sur le trône de Nshare Yen j’ai dû m’adapter aux exigences de ma fonction, avec tout le protocole y relatif. J’ai d’ailleurs eu à le dire lors d’un de mes premiers messages au peuple Bamoun, lorsque je disais « Hier j’étais enfant, désormais je suis le père ». Ce sont là deux états d’esprit complètement différents. Lorsque vous êtes enfant, et dans mon cas j’étais un Prince de la cour royale avec d’autres Princes et princesses qui étaient mes frères et sœurs. Désormais je devenais leur père, et le père de tous les Bamoun. Ce passage de concept ne se fait pas en un jour. Donc il m’a fallu un temps d’acclimatation, dans un environnement où l’avènement du multipartisme ne facilitait pas les choses. Ceci dit, il me fallait relever le défi personnel de succéder à mon père qui venait de passer un demi-siècle sur le trône. Je dois avouer que bon nombre de personnes n’imaginaient pas que je puisse assumer les fonctions de Roi des Bamoun, estimant que j’avais une culture occidentale. Pourtant j’avais bénéficié de l’éducation des Princes dans mon jeune âge et je suis resté en permanence en contact avec mon défunt père, qui me donnait des informations sur le fonctionnement de la cour royale. Voilà des avantages comparatifs qui ont sans doute contribué à favoriser mon implication dans mes nouvelles fonctions. En jetant un regard dans le rétroviseur je peux dire que beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. »


De la vie de famille

« Les exigences de la vie d’un Roi m’ont fait passer du statut de monogame à celui de polygame.  En acceptant les charges royales, j’ai accepté la polygamie. La fonction royale en pays Bamoun a des contraintes spirituelles car on est au service de son peuple. On doit être disponible, mais surtout être à l’écoute des populations. Je profite pour saluer les filles et fils du Noun qui ne manquent jamais une occasion pour émettre leur avis sur tl ou tel autre aspect de la gestion quotidienne du Roi. Souvenez-vous du message des Fona-Nguon lors des assises du Nguon en 2012… Ils interpellaient le Roi sur le comportement de ses proches collaborateurs et ceci nous a permis de corriger le tir à différents niveaux. »

 

 

Des us et coutumes face à la vie administrative

« Le Cameroun est un pays de droit et le département du Noun est une entité administrative de ce grand pays. Les chefferies traditionnelles sont régies par des textes législatifs et travaillent en collaboration avec les autorités administratives localement compétentes. Nous sommes donc en harmonie car chaque autorité a sa sphère de compétence. Pourtant on observe que certains esprits malins mènent des actions à visage voilé pour engager des actions de dénigrement par la divulgation de fausses informations. Ce travail est orchestré par les hommes politiques qui pensent que tous les moyens sont permis pour atteindre leurs résultats. Vous comprenez donc que les chantiers du retour à la confiance sont nombreux et parsemés d’embûches. Il faut donc rester vigilants puis amorcer des actions plus concrètes en faveur du développement local.»