C’est qui ressort d’un nouveau rapport de l'UNICEF et de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) établi en collaboration avec le Collectif mondial pour l'allaitement maternel. Le précieux document vient d’être publié. Il fait également la révélation selon laquelle, aucun pays au monde ne respecte entièrement les recommandations en matière d'allaitement maternel. D’après les études menées par ces organismes, les investissements en faveur de l'allaitement maternel à l’échelle mondiale sont beaucoup trop faibles.
Les conséquences alors sont nombreuses et immédiates: Près de « 236 000 décès d'enfants chaque année et un manque-à-gagner économique de 119 milliards de dollars » par exemple dans cinq des plus grandes économies émergentes du monde à savoir la Chine, l'Inde, l'Indonésie, le Mexique dont le Nigéria, l’un des grands géants économiques de la planète et surtout du continent africain. Un drame ou hémorragie humaine inacceptable et une perte sur le plan économique maitrisable tout simplement si l’on renforce l’investissement en faveur de l'allaitement, concluent l’UNICEF, l’OMS et ses partenaires dans l’étude menée.
Les vertus de l’allaitement maternel sont innombrables. Les politiques, les populations et surtout les femmes gagnent à les connaitre, à s’en approprier et à inscrire au cœur de la sensibilisation. Aux nourrissons, déclare le Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l'OMS, le lait maternel donne « le meilleur départ de la vie ». « Le lait maternel a l'effet d'un premier vaccin chez le nourrissons ; il le protège des maladies potentiellement mortelles et lui donne tous les éléments nutritifs dont il a besoin pour survivre et s'épanouir. » précise-t-il aussi dans le communiqué de presse conjoint parvenu à notre rédaction. Pour son collègue de l’UNICEF, Anthony Lake, « L'allaitement maternel est l'un des investissements les plus efficaces et les plus rentables qu’un pays puisse faire en faveur de la santé de ses plus jeunes habitants et de la santé future de son économie et de sa société». Lorsqu’on ne considère pas l’allaitement maternel comme une grande opportunité à saisir ou lorsqu’on n’y investit pas, « nous manquons à notre obligation envers les mères et leurs nourrissons et payons une double pénalité : en vies perdues et en possibilités gâchées.» conclut le Directeur général de l’UNICEF.
L’investissement pour sauver la vie des enfants et des femmes
D’après la nouvelle analyse, 4,70 dollars par nouveau-né et par an suffisent pour porter à 50 % d'ici à 2025 le taux mondial d'allaitement exclusif pour les enfants de moins de six mois. On réussira alors de « sauver la vie de 520 000 enfants de moins de cinq ans et on pourrait générer 300 milliards de dollars de gains économiques sur 10 ans, grâce à la réduction des maladies et des frais de santé et à la hausse de productivité ainsi obtenue.» conclut également le document publié. Un véritable défi qui permettra certainement aussi aux différents pays de réaliser plusieurs objectifs de développement durable. « L’allaitement maternel est essentiel à la réalisation de bon nombre des objectifs de développement durable. Il contribue à améliorer la nutrition (ODD 2), prévenir la mortalité infantile et réduire le risque de maladies non transmissibles (ODD 3) et favoriser le développement cognitif et l’éducation (ODD 4). L’allaitement maternel contribue également à mettre fin à la pauvreté, promouvoir la croissance économique et réduire les inégalités » souligne le rapport. On n’y arrivera cependant que si les financements visant l’augmentation des taux d'allaitement maternel de la naissance jusqu'à l'âge de deux ans ont augmenté. On parviendra alors par exemple à renverser le tableau qui n’affiche jusqu’ici que 40 % d’enfants de moins de six mois qui prennent le lait maternel comme seul aliment d’après une étude des pratiques d'allaitement dans 194 pays tel qu’il ressort du Tableau d’évaluation de l'allaitement maternel dans le monde (The Global Breastfeeding Scorecard) publié récemment. Sur ce tableau, seuls 23 pays ont des taux d'allaitement exclusivement au sein supérieurs à 60 %. L’Afrique n’est pas absente. Certains pays du continent y figurent. Il s’agit du Burundi, le cap vert, l’Érythrée, le Kenya, le Lesotho, le Malawi, l’Ouganda, le Rwanda, le Sao Tomé-et-Principe et de la Zambie.
Le Tableau d’évaluation réunit des données des pays du monde entier sur un certain nombre de priorités. Ces priorités, sept au total, sont définies par le Collectif mondial pour l'allaitement maternel en vue d'accroître les taux d'allaitement maternel. Sous la direction conjointe de l'UNICEF et de l'OMS, ce collectif « a pour mission de mobiliser l'appui politique, juridique, financier et public en faveur de l'allaitement maternel, dans l'intérêt des mères, des enfants et de la société. »
C’est dans ce sens qu’il lance un vibrant appel aux différents pays du monde à passer à l’action. En plus de l’épineuse question de l’accroissement des financements, il insiste entre autres sur la mise en œuvre dans son intégralité du Code international de commercialisation des substituts du lait maternel, des politiques de congés familiaux et d'allaitement sur le lieu de travail, des conditions pour le succès de l'allaitement maternel dans les maternités, notamment en fournissant du lait maternel aux nouveau-nés malades et vulnérables et le renforcement des liens entre les centres de santé et la population locale et soutenir les réseaux communautaires engagées dans la protection, la promotion et l’encouragement de l'allaitement maternel.
Source : Communiqué conjoint UNICEF/OMS
Aboubakar Sidick MOUNCHILI