Ainsi le Cameroun entend toujours resté au devant de la scène dans le monde et sur le continent en jouant les premiers rôles pour l'avenement d'une nouvelle Afrique. Le président camerounais l'a laissé entendre en s'adressant vendredi 06 décembre lors de la cérémonie des voeux du Corps diplomatique. Toutes les reformes engagées au niveau de la Commission de l'Union africaine, par sa présidente, ont l'onction du Cameroun, dixit Paul Biya.
Discours du Chef de l'Etat Camerounais, le 06 janvier 2017, en réponse aux vœux du Corps diplomatique.
Monsieur le Doyen du Corps diplomatique,
Mesdames et Messieurs les membres du Corps diplomatique,
C’est un grand plaisir pour moi, toujours renouvelé, de vous recevoir en ce lieu pour la cérémonie traditionnelle de présentation des vœux du Corps diplomatique. Nous avons ainsi chaque année l’heureuse occasion de faire, ensemble, un tour d’horizon de la situation internationale.
Sans attendre, je remercierai votre Doyen pour son analyse subtile de ladite situation et ses paroles encourageantes pour le Cameroun. Les vœux qu’il a également exprimés, en votre nom, pour mon pays, ma famille et moi-même, me sont allés droit au cœur.
Vous avez, Monsieur le Doyen du Corps diplomatique, souligné l’exploit de notre peuple. Il a su, à partir de ses nombreuses diversités, reconstituer son unité. Je l’ai toujours dit, cette unité se confond avec l’existence même de notre peuple.
Je ne cesse d’inviter mes compatriotes à veiller jalousement à ce que jamais cette unité ne s’arrête. Notre diversité fait partie de notre identité. Notre peuple est attaché à ces deux valeurs fondamentales : unité et diversité.
Dans l’esprit de dialogue qui a toujours été le mien, je continuerai, avec l’ensemble de mes compatriotes, à tout mettre en œuvre pour renforcer notre vouloir vivre ensemble.
Mesdames et Messieurs les membres du Corps diplomatique, Les données fondamentales de la conjoncture mondiale n’ont malheureusement guère changé au cours des derniers mois.
Trois problèmes demeurent au centre des préoccupations des peuples et de leurs dirigeants : les atteintes à la sécurité, l’instabilité de l’économie et la dégradation de l’environnement.
S’agissant de la sécurité, les opinions publiques constatent avec inquiétude la persistance, voire l’aggravation des tensions, surtout au Proche et Moyen-Orient et en Afrique.
Dans la première de ces régions, plus précisément en Syrie et en Irak, il s’agit
désormais d’une guerre d’une grande ampleur entre plusieurs antagonistes. Cette guerre
cruelle fait de nombreuses victimes innocentes et jette sur les routes des masses de
réfugiés. Actuellement, le régime de Damas est à l’offensive et semble avoir l’avantage.
Mais la complexité de la situation est telle que tout pronostic reste hasardeux.
Personne ne regrettera une éventuelle défaite de l’Etat Islamique qui est un des
pôles du terrorisme international.
Il est clair toutefois que le retour à la paix nécessitera de grands efforts
diplomatiques et la prise en compte des intérêts politiques, religieux, économiques des
diverses parties en cause. Le rapprochement entre Damas et l’opposition syrienne, avalisé
par le Conseil de Sécurité, est, à cet égard, un pas dans la bonne direction.
L’expansion du terrorisme, on le sait, n’est pas sans rapport avec la situation au
Proche et au Moyen-Orient. Les attentats en Europe, aux Etats-Unis, en Turquie et en
Afrique sont le plus souvent revendiqués par l’Etat Islamique. Son effondrement éventuel
pourrait faciliter l’éradication des mouvements qui lui ont fait allégeance.
En Afrique notamment, qu’il s’agisse de Boko Haram ou de diverses organisations
actives en Lybie et au Sahel, la chute de l’Etat islamique porterait sans doute un coup
sévère à la nébuleuse djihadiste sur notre continent.
Cette éventualité exigera qu’une stratégie à long terme de lutte contre le terrorisme
soit mise en œuvre par tous les pays en butte à ce fléau.
On doit à ce point souligner l’engagement des grandes puissances qui ont pris
l’exacte mesure du danger djihadiste. Il s’agit d’une menace réelle sur la sécurité des Etats
et sur la paix globale.
Il convient aussi de mentionner la mobilisation des organisations internationales, au
premier rang desquelles l’ONU, qui ont mis à leur ordre du jour la question du terrorisme
dans ses aspects sécuritaires et sociétaux.
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Il faut enfin rendre hommage aux organismes humanitaires qui sont venus au
secours des réfugiés ou des déplacés fuyant les combats ou les persécutions.
Les perspectives de l’économie mondiale suscitent également une grande
inquiétude dans les opinions publiques.
L’optimisme qui prévalait dans les débuts de la mondialisation heureuse s’est en
grande partie dissipé. Tout en reconnaissant qu’elle a dynamisé le commerce international
et fait reculer la pauvreté dans nombre de pays, il lui est aujourd’hui reproché d’être à
l’origine de l’instabilité économique et d’avoir amplifié les inégalités.
De façon générale, le désordre actuel est attribué à la dérégulation incontrôlée du
système économique et financier mondial, rendue également responsable de la crise qui
s’est propagée à partir de 2008. Celle-ci, semble-t-il, n’a pas fini de faire sentir ses effets.
Au niveau mondial, la croissance, sauf exception, ralentit.
En Europe, selon les cas, elle stagne plus ou moins.
Pour leur part, les pays émergents ont dû revoir leurs ambitions et relancer leur
économie en stimulant la consommation.
Quant aux pays en développement, ceux dont l’économie repose exclusivement
sur l’exportation du pétrole et des matières premières, ont vu leurs recettes
s’effondrer du fait de la chute des cours.
C’est le cas de plusieurs pays d’Afrique Centrale ; ce qui a justifié, à l’initiative du
Cameroun, la réunion d’un sommet extraordinaire des Chefs d’Etat à Yaoundé le
23 décembre dernier.
Pour inverser durablement les tendances négatives de l’économie de la sous-
région, les Chefs d’Etat ont adopté des mesures combinant une politique
budgétaire adéquate, une politique monétaire appropriée et une coopération
internationale renforcée.
Ils ont également prescrit des actions en faveur de la diversification de leurs
économies pour les rendre plus compétitives et moins vulnérables aux chocs
exogènes.
Dans de nombreux pays, la tendance n’est pas à l’expansion :
- la production s’essouffle,
- les investissements marquent le pas,
- le chômage perdure,
- les inégalités s’amplifient,
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- la crainte du déclassement se répand.
Il n’est pas étonnant que dans ces conditions, le mécontentement se transmette à la
sphère politique. Le protectionnisme gagne du terrain. Le populisme et le nationalisme
progressent.
Les Etats, bien entendu, appliquent, quand ils le peuvent, des politiques de relance,
parfois freinées par les déficits publics et le poids de la dette. Les grandes organisations
internationales économiques et financières sont bien conscientes de l’acuité et de l’urgence
des problèmes. Mais les besoins à satisfaire sont tellement importants qu’elles paraissent
désarmées par l’énormité et la complexité de la tâche.
Les dérèglements de la mondialisation semblent avoir provoqué une sorte de choc
en retour qui risque d’avoir pour conséquence, au niveau des Etats, la tentation de
l’isolationnisme. Une telle évolution aurait évidemment des effets dommageables pour la
croissance et les échanges internationaux. Pour l’éviter, la solution serait sans doute de
réintroduire une dose de régulation dans le système économique mondial afin d’aboutir à
une mondialisation mieux maîtrisée.
Par la force des choses, la communauté internationale a dû concentrer son
attention sur les problèmes de sécurité et de l’économie. Elle n’en a pas pour autant
délaissé les grandes questions liées à l’avenir de la planète, à savoir le développement
durable et la protection de l’environnement.
La récente session de l’Assemblée Générale des Nations Unies a donné aux leaders
mondiaux l’occasion de revenir sur les objectifs du développement durable qui sont entrés
en vigueur au début de cette année. Il s’agira désormais de leur impulser « une nouvelle
dynamique pour transformer le monde ».
De son côté, le sommet de la Francophonie, qui s’est tenu en novembre dernier, a
délibéré sur l’ambition de construire « un ordre économique plus juste à travers une
croissance inclusive et durable ». Même s’il s’agit d’objectifs à long terme, il est
réconfortant de constater que ces préoccupations ne sont pas perdues de vue.
De la même façon, les avancées réalisées à Paris, par la COP21 sur le changement
climatique, ne sont pas restées lettre morte. Elles ont été reprises à Marrakech par la
COP22.
Ce problème important, qui met en cause la survie de l’espèce humaine, continuera,
je pense, à faire l’objet d’un suivi attentif, notamment pour vérifier que les engagements qui
ont été pris seront tenus.
Qu’il me soit permis, avant de conclure, de dire quelques mots de notre action
diplomatique sur la scène continentale, en particulier dans le cadre de nos relations avec
l’Union Africaine.
Nous soutenons bien entendu, la réforme de la Commission engagée par sa
Présidente.
Par ailleurs, nous espérons que la décision de principe qui a été prise d’établir au
Cameroun le siège du Fonds Monétaire Africain entrera bientôt dans les faits.
De même, nous faisons en sorte que la Base Logistique Continentale, qui doit être
implantée à Douala, soit bientôt opérationnelle.
Quant au Centre interrégional de Coordination des opérations de sûreté et de
sécurité maritime dans le golfe de Guinée, nous sommes prêts à l’accueillir à Yaoundé.
Ces deux derniers projets se situent dans le prolongement des différents sommets
sur la sécurité régionale tenus cette année.
Monsieur le Doyen du Corps diplomatique,
Mesdames et Messieurs les membres du Corps diplomatique,
Je voudrais maintenant vous prier de bien vouloir transmettre aux hautes autorités
que vous représentez, nos vœux les meilleurs pour l’Année Nouvelle.
A vous-mêmes, à vos familles, j’adresse mes souhaits les plus sincères de bonheur,
de santé et de succès pour l’année 2017.
Vive la coopération internationale !
Je vous remercie de votre aimable attention.