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Acte 5 de notre série, le portrait-robot des candidats retenus par Elections Cameroon(ELECAM). Au-delà du parcours des personnalités en présence, nous voulons esquisser une première grille de lecture afin d’évaluer leurs chances de remporter le scrutin. Parmi ces 9, Maurice Kamto. Et s’il y a une candidature qui donne des insomnies aux stratèges du RDPC, c’est bien celle de Maurice Kamto. Universitaire capé, l’homme a opéré un virage à cent  quatre-vingt degrés en démissionnant du gouvernement et en prenant la tête du MRC. De cette formation politique quasi anodine au cours des deux décennies écoulées, il fait son cheval de bataille pour les élections présidentielles d’octobre prochain.

Maurice Kamto : Empêcheur de tourner en rond ?

Maurice Kamto a mouillé le maillot avec ses confrères pour défendre le Cameroun dans l’affaire Bakassi. Cet épisode de la vie professionnelle le propulse au-devant de la scène administrativo-politique nationale. Sans doute à titre de récompense pour sa participation à ce dossier international, il est nommé ministre délégué auprès du Ministre de la justice. Ce passage au gouvernement va lui permettre d’affûter ses armes et de nourrir des ambitions politiques. Aussi l’annonce de sa démission quelques jours avant le remaniement ministériel va –t-elle susciter moult interrogations.  L’homme prend le temps d’analyser la sphère politique et constate que l’essentiel des forces de l’opposition a pris du plomb dans l’aile au fil du temps, ce qui le pousse à faire le saut dans l’échiquier. Il fait du neuf avec du vieux, en prenant les rênes du MRC, trouve des lieutenants dans les rangs des partisans de l’alternance avec lesquels il monte son projet de conquête du pouvoir.

Méthodiquement il tisse une toile qui lui permet de remporter des sièges dans certaines communes et l’on peut relever que les dernières élections municipales et législatives lui ont servi de rampe de lancement. Au vu des résultats controversés dans certaines circonscriptions, le nouveau leader se met à espérer, tandis que les attaques en tout genre se multiplient.

Au-delà de la présidence

Le président du MRC a été investi par son parti pour l’élection présidentielle. Fort de cette confiance de ses partisans il a pris les devants en allant à la rencontre des populations des trois régions septentrionales ainsi que celles de la région du sud. Une présence sur le terrain qui démontre à souhait que Kamto Maurice sait qu’une élection se gagne sur le terrain, loin des studios de radio et télévision. Son bâton de pèlerin en main, il a dû se rendre compte que la partie ne sera pas aisée ; dans la mesure où sur le terrain des forces administrativo-politiques occupent les espaces. Une élection présidentielle est contraignante dans la mesure où il faut pouvoir présenter des scrutateurs dans tous les bureaux de vote, mais aussi avoir des partisans prêts à faire le geste de mettre son bulletin de vote dans l’urne. Une équation à plusieurs inconnues que l’universitaire compte résoudre en deux mois.

A l’observation Maurice Kamto est loin d’un va en guerre, se rapprochant davantage du démocrate bon chic bon genre, diplomate par souci d’équilibre dans ses propos… Une telle attitude séduit nécessairement les électeurs, ce qui lui vaut en retour les attaques ciblées les plus rudes dans les réseaux sociaux. Certains le dépeignent comme un tribaliste, d’autres comme un agent double qui après avoir mangé à la table du gouvernement veut dénoncer les pratiques auxquelles il a participé, avec pour point d’orgue cette scabreuse affaire d’un paiement en centaine de millions d’une facture à son cabinet d’expertise. Nombreux sont ceux qui auraient jeté l’éponge pour moins que çà. Kamto laisse aboyer et poursuit son chemin.

Maurice Kamto et son parti le MRC font désormais partie des gros calibres de la politique nationale. Il faut compter avec cette entité qui revendique une présence effective dans de nombreuses circonscriptions. Pour les années à venir, que les résultats lui soient favorables ou non, il aura son mot à dire dans le landerneau politique camerounais. Il lui reste de savoir mettre en valeur ses atouts…

Pierre Pochangou