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Acte 4 de notre série, le portrait-robot des candidats retenus par Elections Cameroon(ELECAM).  Au-delà du parcours des personnalités en présence, nous voulons esquisser une première grille de lecture afin d’évaluer leurs chances de remporter le scrutin. Parmi ces 9, il y’a Cabral Libii. Ils ne sont pas nombreux, les observateurs et analystes politiques qui donnaient une chance au candidat du parti UNIVERS de se retrouver dans la short-list des candidats retenus pour prendre part au scrutin de l’élection présidentielle du 7 octobre prochain.


Cabral Libii, le coup d’essai pour un coup de maître...

Sa réputation, il la forge sur les plateaux de télévision où son analyse tranche avec le discours ambiant. Dans un style original ponctué par un franc parlé teinté de moralisme, il démonte les  mauvais gouvernants qui mettent à mal les finances publiques. Ses rendez-vous médiatiques ont un audimat croissant au point où l’homme est pris dans une tourmente médiatique qu’il faut transformer en action politique.

Qui veut aller loin ménage sa monture

Cabral Libii crée le mouvement « 11 millions d’électeurs » qui mobilise les jeunes camerounais pour faire bouger les lignes sur le plan politique. La logique de cette approche est que l’élection du président de la république est basée sur la loi du nombre. Celui des candidats qui au décompte des voix obtient le plus grand nombre est déclaré vainqueur. Aussi, face à des chiffres présentés officiellement par l’organe de gestion des élections ELECAM et évalués à un peu plus de 7 millions d’électeurs, Cabral fait le calcul qu’en faisant inscrire près de cinq millions d’électeurs il pourrait inverser la tendance et remporter l’élection. Un calcul arithmétique qui va s’effondrer face à la réalité du terrain. Elecam déclare des chiffres loin de ceux espérés par Cabral Libii, qui essuie ainsi son premier échec stratégique. Mais il semble avoir puisé dans cet échec-là les ressources pour s’engager définitivement en politique.

Par un concours de circonstances favorables, le Professeur Nkou Mvondo, président du parti UNIVERS et le tonitruant débatteur s’accordent pour une plate-forme dans laquelle Cabral devient le candidat du parti UNIVERS pour l’élection présidentielle du 7 octobre. Un pied de nez à tous ceux qui comme lui avaient écumés les plateaux de télévision et bénéficié de la sympathie des téléspectateurs, mais qui eux n’ont pas eu le courage de se lancer dans la bataille.

Briser le signe indien

S’auto proclamer candidat à l’élection présidentielle est une chose, mais être retenu dans la liste des candidats ayant remplis les prérequis en est une autre. Pour cette nouvelle étape, le candidat du parti UNIVERS a brisé le signe indien, réussissant à sur médiatiser sa campagne de collecte de fonds pour cautionner sa candidature. Une excellente leçon de stratégie de communication interactive, utilisant au mieux les outils de modernes, prouvant à ses détracteurs qu’il est un homme dans l’air du temps.

Ses passages sur les plateaux de télévision sont très suivis et l’homme a acquiert du galon, en développant des théories sur la gestion des biens publics telle qu’il souhaite l’implémenter s’il parvenait à remporter le scrutin. La grande inconnue reste pourtant le décalage entre le rêve et la réalité, entre la théorie et la pratique. En somme, la mal gouvernance atteint les esprits les plus inimaginables qu’il ne sera pas aisé de transformer le Cameroun en une sphère orientée vers son développement en peu de temps. Les déviances comportementales font que ce qui est bien pensé est systématiquement mal exécuté. A toutes les étapes d’un projet, les poches de résistance se dressent, réduisant à néant les efforts du gouvernement à présenter des bilans positifs. Ces bilans quand ils existent sont saupoudrés et les chiffres inventés de toutes pièces, alors même que sur le terrain rien n’existe.

Les générations en présence
La pratique politique en Afrique en général et au Cameroun a changé au fil des décennies. Au lendemain des indépendances, les jeunes étaient systématiquement portés aux affaires. Plus le temps est passé plus ces jeunes d’hier se sont accrochés au pouvoir au point d’inscrire dans leur logique que les jeunes d’aujourd’hui devaient savoir attendre tranquillement leur tour pour générer les affaires. Dans les discours ils sont estampillés « fers de lance de la nation » alors même que la lance ne bouge pas d’un pouce de son strapontin au gouvernail.

Cabral Libii représente cette jeunesse désormais à l’étroit dans leur pays, qui aspire à prendre son destin en main. L’atout du bulletin de vote que brandissait le leader d’UNIVERS n’a pas pu être transformé en arme de votes massifs. Ce qui complique l’équation de l’atteinte du résultat final, pour enfin être jugé comme tout maçon au pied du mur.

Pierre Pochangou