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Pour faire le round up de l’actualité, nous donnons la parole à Nji Louh Amadou. Avec lui, nous survolons les faits économiques, sociaux, culturels et politiques qui ont retenu notre attention pour l’année 2017, tout en envisageant quelques perspectives pour la nouvelle année. Notable Bamoun, dans le département du Noun à l’ouest du Cameroun Nji Louh Amadou est le promoteur d’un groupe scolaire maternel et primaire « Les petits Louh ». Cet enseignant qui a mené une carrière dans l’enseignement a occupé des postes de proviseur de lycée, notamment à Foumban, où il nous a ouvert ses portes pour cet entretien.

Question : Une année vient de s’achever et une autre commence. Nous voulons avec vous faire un point sur les faits marquants de l’année 2017 d’abord sur le plan économique. Nous observons que la tendance à vendre la production agricole du département du Noun aux commerçants des pays de la sous-région notamment du Gabon s’accélère. La contrepartie est que malheureusement les prix des denrées de première nécessité grimpent rendant la vie plus chère. Comment analysez-vous ce phénomène ?

Nji Louh Amadou : Votre question m’étonne. Pour vous il faut faire une agriculture de subsistance ?

Question : Non, non, nous pensons à l’autosuffisance alimentaire…

 

 

NLA : Je pense que l’agriculteur produit pour avoir un subside qui lui permet de se soigner, s’habiller et améliorer son habitat, d’où l’intérêt de produire plus pour avoir des devises, donc moi je n’ai rien contre la commercialisation des produits agricoles au-delà du Noun.

Question : Mais vous vous rendez-compte que la vie est trop chère pour les populations et que de Massangam à Malantouen en passant par Bangourain, Foumban etc., il est difficile de manger à sa faim ?

NLA : C’est pertinent ce que vous dites-là, mais j’ai observé un autre phénomène. Une fois de passage dans le village de Sokolon j’ai vu un paysan qui avait beaucoup de sacs de haricots qu’il ne pouvait amener vers les centres commerciaux soit de Foumban ou Bafoussam. Nos voisins de la montagne viennent avec des camions qu’ils garent à quelques kilomètres des villages enclavés. Ils font le tour de maisons et paient à des prix dérisoires les marchandises, puis rechargent leurs camions et vont dans les centres commerciaux les revendre à des prix plus élevés. Finalement ce sont les gens qui ont des camions, nos voisins, qui profitent de cette situation. Nous produisons pour enrichir les autres. Moi je suis choqué. Vraiment le très mauvais état de nos routes et des ponts est un véritable problème pour le développement économique de ce département. Il faut désenclaver les bassins de production en aménagent les routes.

Question : L’autre observation faite est l’environnement de nos villes où se posent avec acuité les problèmes d’hygiène et de salubrité. Il suffit de faire un tour dans nos centres urbains pour voir s’amonceler les déchets en tout genre, les détritus sur les chaussées etc.

NLA : Ce problème n’est pas propre à Foumban. J’étais récemment dans la ville universitaire de Dschang, il y avait des ordures ménagères partout. Non, le véritable problème c’est qu’on ne s’improvise pas Monsieur propre. Ce n’est pas facile. Il y a des maires qui n’ont jamais compris les problèmes d’hygiène et de salubrité. Ils parlent de ville propre comme d’un slogan alors que c’est une question d’organisation. Il faut s’organiser pour enlever les ordures. A Dschang, c’est terrible, à Bafoussam, malgré la présence d’hysacam, ils n’y arrivent pas, ici à Foumban c’est grave. Pourtant, allez à Bangagnté, voir comment c’est organisé. Moi j’y suis allé et j’ai d’ailleurs rencontré Madame le maire pour la féliciter pour ce travail, et j’ai gardé la photo prise avec elle. Les commerçantes font systématiquement la propreté autour d’elles en jetant leurs ordures dans des sacs poubelles, ce qui facilite le travail de voirie urbaine. J’admire beaucoup cette dame qui prouve que sans grands moyens, avec de l’organisation on peut vivre dans un environnement sain. C’est une question d’éducation, une question d’amour de sa ville et de volonté d’améliorer la qualité de la vie.

Question : Sur un tout autre plan, le département du Noun a la réputation d’être un haut lieu culturel, pourtant le marché des objets d’art ne se porte pas très bien, les artisans se plaignent des fluctuations de ce marché. Quel regard portez-vous sur cette situation ?

NLA : Le village artisanal de Foumban a été durant de longues années une référence sur le plan national. Ceci dit, je m’y suis rendu il y a quelques temps et j’étais un peu déçu de voir le mauvais état de l’accès aux boutiques. Les touristes, principaux acheteurs doivent enjamber une rigole pour accéder aux étales. Mais qu’est-ce que ça leur coûte de faire des aménagements, de petits aménagements pour améliorer l’accueil des touristes ? Je leur ai posé la question.  Tout le monde se plaint en disant ça ne va pas…Maintenant s’agissant des objets d’arts par eux-mêmes il faut améliorer la qualité. Nous sommes dans un monde compétitif et on ne peut rester figé sur les figurines d’époque.

Question : Les pouvoirs publics ont créé l’Institut des beaux-arts de Foumban qui justement peut apporter une réponse à ce problème de création améliorée non ?

NLA : Vous vous êtes déjà promené là-bas avec votre caméra pour voir s’il y a des professeurs qualifiés ? (Rires). Non, non et non. Vous soulevez là un problème sérieux. Je pensais d’ailleurs lorsque le Ministre de l’enseignement supérieur était venu à Foumban pour le cinquantenaire de la réunification, lui poser la question sur l’opportunité de transformer cet institut en une université pour la sous-région Afrique centrale. Ainsi les tchadiens, gabonais, congolais et autres pourraient venir ici apprendre les beaux-arts et des professeurs de haut niveau y seraient affectés. Ce serait l’idéal. Dommage j’avais pas pu lui poser la question.

Question :  Que reprochez-vous à cet institut en dehors du manque d’enseignants ?

NLA : Pour la petite histoire je m’y étais rendu pour assister un jeune apprenant lors de son mémoire de sortie. Eh bien j’étais surpris par la nudité des infrastructures. Il faut que l’Institut des beaux-arts de Foumban sorte enfin des installations du Lycée bilingue pour s’installer dans son propre campus.

Question : Nous venons de visiter le campus de votre groupe scolaire « les petits louh » et y avons trouvé des maçons s’activer et des agents d’entretien en plein travail. Pourtant on avait le sentiment que vous avez fini de construire…

NLA : Ecoutez je suis d’abord un enseignant de métier. Quelque fois les gens me demandent : « quel est ton secret » ? Eh bien, tout en respectant le programme du ministère de l’enseignement de base, j’essaye d’apporter ma touche personnelle, une méthode d’enseignement pour susciter la curiosité et pourquoi pas la créativité. Pour y parvenir il faut commencer par les infrastructures et puis limiter le nombre d’enfants par classe. Je suis donc en train de construire une nouvelle salle de classe qui sera opérationnelle pour la rentrée scolaire prochaine, ce qui va permettre d’améliorer le confort des élèves. Que peut-on tirer d’une salle de classe de cent voir cent cinquante élèves ? Rien du tout. Dans le fond je suis de plus en plus persuadé que tous nos problèmes de corruption, de pauvreté, de précarité voir de terrorisme trouvent leurs solutions dans l’éducation. C’est l’éducation qui va apporter des solutions à tous nos maux, vous comprenez, quel que soit le domaine que vous prenez une des réponses se trouve dans l’éducation.

Question : Vous ne tirez pas la couverture sur vous en centralisant les problématiques ?

NLA : Ahhahhha. (Rires) Ecoutez je vais vous donner des exemples concrets. Vous évoquiez tantôt les problèmes d’hygiène et de salubrité dans nos villes. Figurez-vous j’étais à Douala et au quartier Bessengué, j’ai vu avec mes yeux le sommet de l’insalubrité. Des cours d’eau qui charrient des milliers de boîtes de conserves, de bouteilles en plastique et des détritus en tout genre. Et comme c’était en saison des pluies, les gens ayant construit des latrines aux abords de leurs domiciles, les inondations faisaient remonter en surface les défécations. La conséquence sur la santé se sont les épidémies de diarrhée, de choléra etc. Il faut donc former les hommes, les éduquer à une prise en charge et au respect de leur environnement immédiat.

Ici dans notre campus des « petits Louh », nous nous attelons à mettre nos élèves dans les conditions idoines d’hygiène et de salubrité. Ah oui, c’est le fruit de longues années universitaires et je suis fier de le dire, parce que cela me permet d’abord d’améliorer ma propre qualité de vie, car la finalité de l’éducation c’est de rendre les hommes utiles, à eux-mêmes, à leur famille et pourquoi pas à la nation.

Question : Pourtant vous êtes conscients que des contraintes matérielles sont un frein à de telles réalisations ?

NLA : Lorsque je parle de l’éducation pour résoudre nos problèmes, je suis sérieux. Il y a par exemple parmi ces hommes d’état, un que j’admire beaucoup, l’ancien président de l’assemblée nationale, Salomon Tandem Muna. Filles ou garçons, les enfants de Muna sont bien formés, ce sont des citoyens utiles. Il y a parmi eux un qui a créé la clinique Muna à Douala où on sauve des vies humaines. Je me suis d’ailleurs inspiré de l’exemple de Muna pour former mes propres enfants. En d’autres termes, nous avons des devoirs de former des hommes utiles et non nuisibles à la société. Aujourd’hui en matière d’insécurité, je ne vais pas entrer en profondeur dans ce domaine qui me chagrine, on a assassiné un proviseur ! Des jeunes de la ville de Foumban ont porté atteinte à la vie d’un éducateur ! Vraiment il faut que l’on arrive à comprendre que l’éducation, l’école devrait être la priorité des priorités. C’est une question de volonté politique. Les extrémistes de tout bord profitent de ces jeunes écœurés par l’école, telle qu’elle est organisée. Pourquoi les jeunes quittent le Cameroun pourtant si riche en matières premières de tout genre pour tenter l’exil et mourir dans des embarcations en mer ou en esclavage en Libye ? En clair pour moi il est urgent que l’on réfléchisse en profondeur sur notre système éducatif.

Question : Puisque vous vous parlez de volonté politique, nous revenons sur un passage du discours du chef de l’état le président Paul Biya, le trente et un décembre dernier, où il s’engage à accélérer le processus de décentralisation. Pensez-vous qu’il y a eu un manque de volonté politique dans sa mise en œuvre depuis que cette approche a été adoptée dans la constitution de 1996 ?

NLA : Permettez-moi de préciser que pendant la tripartite déjà, les constituants en avaient parlé, mais aussi de la mise sur pied du conseil constitutionnel, cette instance chargée de veiller à la constitutionalité des lois et de connaître du contentieux électoral. Eh bien je n’ai pas compris pourquoi depuis plus de vingt ans, on n’est pas parvenu à mettre tout cela sur pied. Voilà pourquoi j’ai applaudi quand le chef de l’état a parlé de décentralisation. Plus précisément je prends un exemple. Lorsque l’état affecte un gars de Bétaré Oya à Fotouni ou vice versa, en lui donnant les moyens financiers conséquents pour réaliser des activités de développement, vous pensez qu’il aura la même abnégation que s’il était dépositaire du mandat des élus locaux ? Moi je ne crois pas.

Question : Pourtant on a vu plusieurs fonctionnaires s’impliquer dans le développement de localités dont ils n’étaient pas originaires, même si dans certains cas ils s’étaient liés d’amitiés plus ou moins intimes qui pouvaient justifier leur engagement.

NLA : ahahaha Vous voulez parler de l’intégration nationale ! Il faut d’abord rappeler que la décentralisation c’est l’opportunité donnée aux élus locaux de gérer les affaires locales. Dans le cas du fonctionnaire affecté dans une localité, il s’agit davantage de la déconcentration. A mon avis il faut que l’élu local soit responsable devant ceux qui ont porté leur choix sur la personne par leur suffrage. Un président de région ou un élu local ici à Foumban devra répondre de sa gestion et si par exemple il ne rend pas sa ville propre il sera sanctionné lors des élections à la fin de son mandat. C’est ça l’avantage de la décentralisation qui se pratique dans tous les pays du monde.

Question : Mais les pouvoirs centraux justement ont du mal à laisser du lest aux autorités locales dans tous les pays, non ?

NLA : Oui, on doit évoluer vers plus de décentralisation… Il faut un savant dosage de déconcentration avec des préfets et sous-préfets chargés de contrôler l’activité des élus locaux, ce qui devrait réduire la corruption. Maintenant que le président de la république est revenu sur l’accélération de la décentralisation, il faut que le ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation et de celui en charge de la justice mettent cela en musique. Je crois que nous avançons. Imaginez que le pont sur le Noun soit endommagé et qu’il faille aller se rendre à Yaoundé voire le ministre des travaux publics pour régler la situation. Il va vous répondre qu’il y a aussi des ponts sassés dans la mayo danay, la Sanaga maritime ou le haut Nyong. Donc votre dossier sera classé en attente et la circulation interrompue sur cet axe. Dans le cas de figure de la décentralisation, le président de région résidant dans la localité sera plus prompt à réagir, tenu par les populations qui pourront le sanctionner à tout moment. Regardez à titre d’exemple l’état de dégradation de la chaussée sur l’axe Bafoussam Douala, au niveau de Bafang. Vous pensez que s’il y avait un président de région élu et disposant des moyens conséquents pour l’entretien routier, cette situation persisterai ?

Prenons le cas de la décentralisation dans le secteur de l’éducation. Pourquoi les proviseurs de lycées ne seraient pas nommés au niveau régional ? Au lycée bilingue de Foumban que nous avons inauguré en mille neuf cent quatre-vingt-cinq, les bâtiments n’ont jamais eu une couche de peinture. Si les proviseurs étaient nommés et donc jugés localement vous pensez que l’on aurait laissé se dégrader cette infrastructure qui a coûté cher ? Bien plus au niveau des résultats scolaires aux examens officiels, le département du Noun est classé au dernier rang régional. Vous pensez que des élus locaux affichant de tels résultats auraient été maintenus ? Je vous signale en passant que durant ma carrière d’enseignant je n’ai été inspecté qu’une seule fois. Vous imaginez ! Non, je crois que le président a vraiment mis le doigt là où il fallait.

Question : Cette décentralisation se trouve au cœur des solutions proposées pour résoudre la crise anglophone. Vous pensez vraiment que cela peut y mettre un terme ?

NLA : Pour parler de cette crise il faut se souvenir que les constituants de la conférence de Foumban en 1961 en parlant du bilinguisme mettaient les deux langues à savoir le français et l’anglais au rang de langues officielle. Ce n’était pas une question de choix. Il fallait renforcer l’anglais pour les francophones et renforcer le français pour les anglophones. Certaines gens se sont dit que les francophones étant majoritaires il fallait assimiler les anglophones. Pourtant, on ne détruit pas la culture de quelqu’un parce que vous êtes majoritaires. Ça ne se fait pas. Si on avait évolué en sachant que ces frères d’outre Moungo pendant quarante ans ont été sous un régime différent et nous aussi pendant quarante ans on était sous le régime français et que pour vivre ensemble on devrait respecter les deux systèmes. C’est aujourd’hui seulement qu’on met la Common Law à l’ENAM, alors que quand on fêtait le cinquantenaire je pensais qu’on allait tout faire pour renforcer ces deux langues.

Moi je vous dis, l’avenir du Cameroun, son futur c’est dans le bilinguisme. Les anglo-saxons et les français ont une très haute technologie et lorsque j’étais étudiant en France, celle-ci voulait construire un avion supersonique, mais c’était avec le concours de l’Angleterre. Donc c’était une chance pour nous d’avoir les anglais et les français et si nous sommes sincères avec nous-mêmes, c’est avec ces gens que le transfert de technologie se fera avec beaucoup d’aisance. C’est bas avec les chinois. Ceux qui nous gouvernent doivent comprendre que les anglo-saxons qui ont fait quarante ans chez nous avons des relations privilégiées. Nous avons le Commonwealth, j’étais content lorsque le président Biya a fait que nous en soyons membre.

J’imagine par exemple qu’à l’assemblée nationale on prenne une loi pour dire que désormais pour être fonctionnaire de l’état camerounais, pour avoir le matricule à la fonction publique, il faut être bilingue. Cela ne prendra pas quatre ans pour que tout le monde parle couramment anglais et français. Ça coûte quoi de prendre cette décision ? Il faut donc arriver à intéresser les camerounais à ces langues officielles, car sans l’ouverture vers l’autre l’intégration ne sera pas possible. Il y a à travers la création de la commission Musongué un pas qui a été franchi, mais il faut aller plus loin.

Question : L’année 2018 qui commence sera une année électorale. De nombreuses langues se délient pour observer que l’âge avancé du président du RDPC, Paul Biya devrait le disqualifier comme candidat à l’échéance de son mandat présidentiel. Le Dr Fritz Ntone Ntone délégué du gouvernement interrogé à ce sujet par un de nos confrères a répondu que cet âge-là ne lui posait pas de problème, mais que ce qui était essentiel était le rendement dans le travail. Pour vous l’âge du président pose problème ?

NLA : Je vais vous répondre d’abord en tant que notable Bamoun. Chez nous sur le plan coutumier, on n’ouvre la succession qu’au décès du père. Lorsque le sultan Seïdou était décédé, c’est alors que les notables ont mis son successeur. Ceci dit, pour ce qui concerne le chef de l’état et les élections présidentielles je vais dire ceci. Nous vivons dans un système des partis politiques. Si le SDf dit que c’est Fru Ndi qui est candidat, eh ben il le sera parce que son parti le veut. On ne voit pas son âge, s’il est apte à gérer le pays ou non. C’est le parti qui le présente. A Foumban, si le Dr Adamou Ndam Njoya est candidat à la présidence, son parti va le soutenir n’est-ce pas ?

Venons maintenant au parti dans lequel je milite, le RDPC. Nous on ne voit pas l’âge du président c’est-à-dire que dans un système de partis dès lors que c’est le parti qui désigne son candidat, parce que notre parti peut dire que voilà ; tous les projets structurants, il faut qu’on les termine par exemple. Et je comprends le délégué du gouvernement de Douala dans l’évocation que vous faisiez tantôt, parce qu’il y a encore beaucoup de chantiers à terminer à Douala, comme le nouveau pont du Wouri qui passe certes, mais où il faut des finitions.  Je vous dis que si le chef de l’état actuel n’est plus président de la république, tous ces chantiers vont s’arrêter.

Question :  Mais non… il y a quand même la continuité du service public…

NLA : Attendez- ça c’est un principe écrit. Je reste réaliste. J’étais en poste à Bafoussam lorsque le président Ahidjo avait demandé qu’un stade omnisport soit construit dans la ville. Quand il a démissionné en 1082 le gars qui avait gagné le projet a disparu dans la nature.

Question : Il était décédé

NLA : Je vous invité seulement à aller sur les lieux pour constater par vous-même qu’on n’a pas achevé ce chantier. On aurait pu le donner à une autre personne. Et puis pourquoi a-t-on choisi de construire un autre stade omnisport à côté du Noun ? Je vous assure qu’à l’époque les travaux s’effectuaient nuit et jour. Dès qu’ils ont entendu que le président démissionnait…

Je dis donc que dans un système des partis politiques c’est le parti qui gouverne. Peu importe la personne. Vous en avez des exemples en dehors du Cameroun comme le Zimbabwe avec Robert Mugabe qui a dû quitter ses fonctions de président de la république dès lors que certains membres de son parti l’ont lâché. Peut-être qu’il nous faudra faire comme au Sénégal avec les candidatures indépendantes. Et puis lorsqu’on crée un parti c’est pour conquérir le pouvoir, et lorsque l’on y est on cherche à se maintenir. C’est de bonne guerre me semble-t-il. Donc si pour 2018 le RDPC dit que c’est Paul Biya qui est notre candidat, nous respecterons la consigne de vote.

Question : Pour terminer cet entretien, quelques vœux ?

NLA : Bien entendu, mes vœux s’adressent d’abord au Président de la république dont le discours sur la décentralisation m’a séduit. Je souhaite qu’on aille donc vite dans ce processus et que toutes les régions puissent participer aux élections.

Imaginez que je rencontre John Ngouh Foncha, Endelley, Soppo Priso, Assalé Charles ou Amadou Ahidjo, tous ces gens qui étaient à Foumban en 1961 pour signer la réunification et que je leur dise que cette affaire a mal tourné… a tourné à la sécession ! Alors là non. Que les ministres en charge de la décentralisation et de la justice mettent ça sur pied pour qu’on ait des élections avec le cœur tranquille. Cette crise anglophone si elle laisse certains indifférents, moi pas. Je sais ce qui s’est passé à Foumban et pourquoi les anglophones se sont joints à nous.

Saviez-vous qu’Endelley était le tout premier, premier ministre de la zone anglophone ? Lorsqu’il a voulu rattacher cette zone au Nigéria il a été battu aux élections par Foncha par un raz-de marée. Les gens ne s’en rappellent plus. A l’époque les populations disaient « nous n’avons aucune goutte de sang nigérians dans nos veines, pourquoi devons-nous aller dans ce pays ? » Ils se sont donc rattachés au Cameroun.

J’en profite donc pour dire aux jeunes concitoyens que la sécession n’a jamais prospéré nulle part. Dans notre jeunesse nous avons vu la situation au katanga où Moïse Tchombé voulait créer l’état du même nom avec l’aide du président congolais Flaubert Youlou. Ça n’a pas marché. Au Nigéria, le Biafra avec Odjoukou la sécession n’a pas abouti. Je dis encore que là où Ahidjo Amadou se trouve qu’il repose ne paix…C’est lui qui avait refusé que les armes des rebelles sécessionnistes passent par le Cameroun. Alors ?

Question : Nous en sommes aux vœux… Vous replongez dans le fond du débat.

NLA : Ah oui vous savez cette problématique est importante. Je pense que les élections sénatoriales soient organisées avant les présidentielles ; j’exprime le vœu qu’on aille à l’unissons devant la CAN de football programmée pour juin 2019 car il s’agit d’une fierté pour notre pays d’organiser cet évènement. Je suis un fan de football en passant.

J’adresse mes vœux chaleureux au préfet du Noun, qu’il puisse continuer à veiller sur la sécurité des biens et des personnes dans cet environnement particulièrement insécuritaire. Bonne année au Dr Adamou Ndam Njoya, le maire de Foumban. Mes vœux de santé et réussite à l’endroit du Sénateur Sa Majesté Ibrahim Mbombo Njoya, roi des Bamoun, lui qui a su coexister avec une opposition radicale, ce qui n’a pas toujours été facile et enfin mes vœux les meilleurs à tous mes concitoyens que j’invite à se préparer pour faire de bons choix le moment venu. Qu’ils le portent sur des hommes et des femmes qui aiment leurs villages, leurs villes et leur pays, car il faut voter pour des personnes qui aspirent à améliorer effectivement les conditions de vie de leurs concitoyens, afin d’avancer résolument vers l’émergence.

Propos recueillis par Pierre Pochangou