Etoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactives
 

Expert financier et Consultant en finance islamique, Directeur Général de l'AIFC (African Islamic Finance Consulting), dans cet entretien exclusif, Hassan Belibi Noah, dévoile le caractère fondamental de la norme Halal.

Pouvez vous déjà nous dire ce qu'on peut retenir de la 13ème réunion du comité technique de l'ANOR dans laquelle la norme Halal a été mise en relief ?

Merci pour l'opportunité que vous nous offrez de parler du Halal, d'entrée de jeu, je dirais que le Halal c'est une activité économique et industrielle, qui est fondée sur les principes de la charia qui est la loi islamique. Et la charia se décline en deux choses à savoir le Saint Coran qui est le livre Saint des musulmans et les mouhamalads qui sont l'ensemble des traditions qui sont laissées par le prophète Mahomet (Paix et salut de Dieu sur lui). Les travaux du CT 13 qui est le Comité en charge de l'élaboration de la norme halal dans l'agence de la norme et de la qualité (ANOR), un instrument qui a été mis en place par l'ex directeur général pour élaborer les normes halal. Donc la 13ème qui a été organisée le 14 août dernier était liée à la validation des observations liées aux normes qui ont été élaborées. Il était donc question de faire la restitution des observations faites par les différents acteurs ce qui a donné lieu à des validations et à des corrections qui devraient être appliquées . Tout ceci pour que in finé nous passons à la prochaine étape qui est celle du comité de conformité qui devra statuer sur les travaux des experts afin d'offrir aux marchés camerounais et international les normes halal camerounaises.

Lire également ....

Normalisation : L'ANOR valide la norme Halal au Cameroun

Normalisation : L'ANOR valide la norme Halal au Cameroun

Dans le but de doter le Cameroun de produits alimentaires de qualité, notamment dans l'élevage et la pêche, l'Agence N...

Alors à quel niveau le concept halal peut-il être déterminant pour ce comité technique N°13 de l'ANOR auquel vous avez été très actif en mettant en lumière les avantages des financements islamiques liés au halal ?

Tout à fait, le développement halal, vise à mettre une économie halal. Et donc l'avantage est à un très haut niveau. Déjà sur le plan de la coopération ceci va améliorer la coopération entre le Cameroun et les pays membres de l'OCI. Vous savez que c'est la deuxième organisation internationale après celle des nations unies qui regroupe 57 Etats membres. Donc sur le plan de la coopération ce sera un très gros avantage. Sur le plan de l'emploi et du chômage, l'industrie halal peut permettre de dupliquer l'économie, parce que le halal se structure avec l'éthique et la qualité, et donc forcément le marché du halal va trouver de la clientèle. Et je tiens à préciser ici que ce n'est pas seulement une affaire des musulmans. On a dit qu'il est fondé par la loi islamique, mais ce n'est pas seulement pour les musulmans. Tout le monde est concerné par le halal, parce qu'il s'agit d'une éthique et du bien être des individus. Sur le plan de la coopération, politique, de l'emploi et sur le plan économique, on le redis avec emphase que le halal permettra de dupliquer l'économie, puisque vous connaissez la morosité économique existante, la loi halal va permettre de créer de l'emploi à travers la création des industries halal et de la fabrication halal et ceci va permettre à l'État de pouvoir absorber une bonne partie du chômage et aussi de faire entrer des devises notamment celles des exportations ou des importations avec les principes du halal.

Quelles sont donc les conditions à remplir pour être éligible aux financements du halal ?

Il faut dire que le halal concerne tous les domaines d'activités, qu'ils soient économique, social, infrastructurel, où que se soit sur le plan de la transformation éducationnelle et autres, le halal concerne tous les domaines d'activités. Il est donc tout simplement question de mener ces activités là selon les principes. Donc il s'agit de deux principes fondamentaux. Sur le plan des relations sociales tout est permis sauf ce que Dieu a explicitement interdit. Maintenant sur le plan de l'adoration tout est interdit sauf ce que Dieu a explicitement autorisé. Et tout le monde peut faire dans le halal, même un non musulman peut faire dans la viande halal, dans le poulet halal, dans le poisson halal, il peut faire dans les boissons halal. Il n'est pas obligé d'être musulman. Il faut juste qu'il respecte les principes de ce qui n'est pas interdit, c'est de ce qui est autorisé. Voilà tout simplement ce qu'il faut faire. Il n'est exclusif du point de vue de la race, de la tribue ou de la religion, il est seulement exclusif sur le point de vue de l'activité. Il faudra pas que cette activité ne soit pas illicite. Une fois qu'elle n'est pas illicite comme la vente des armes, la pornographie, l'industrie de l'alcool qui sont des choses interdites. A part cela n'importe qui peut faire les choses développées par le halal.

Dites nous comment le Cameroun peut faire pour capitaliser les opportunités qu'offrent l'OCI, étant donné que beaucoup d'observateurs ont constaté que le Cameroun ne valorise pas suffisamment les nombreuses opportunités à saisir à l'OCI comme c'est le cas des pays comme le Sénégal et la Côte d'Ivoire ?

Sur ce volet je dirais premièrement que tout dépend de la volonté politique. Il faudra que l'État marque davantage sa volonté politique à pouvoir s'investir dans le secteur du halal. Deuxièmement, la formation et l'information. Il faut que les acteurs soient formés sur les principes du halal, le mécanisme du halal. Et troisièmement que les acteurs locaux eux aussi de leur côté structure le halal en fonction des normes internationales ainsi que les normes locales. C'est un aspect très important, parce que pour qu'une activité se développe sur le plan du halal, il y a un risque majeur qui existe, mais qui n'existe pas dans les autres types d'activités, il y a donc le risque de non conformité. Si vous vendez quelque chose, ou si vous offrez les produits financiers, vous mettez l'estampillation halal, alors que dans le processus ce n'est pas halal, vous allez perdre toute la confiance du marché. Donc ça vous expose à un risque plus élevé qu'on connait déjà dans le cadre des activités économiques normales. Donc la question de la conformité doit être une question centrale. Et sur ce point de vue, sur le plan règlementaire beaucoup d'avancées ont déjà été faite comme celles que le CT 13 est entrain de faire. Juste sur le volet financier la CEMAC a déjà mis en place les règlements de la finance islamique, sur le plan des banques, elles aussi sont entrain de mettre ce qu'on appelle les fenêtres de la finance islamique. Donc le système est entrain de se structurer, et nous pouvons conclure que le halal a des beaux jours en perspective.

L'ANOR a manifesté l'intérêt à travailler avec halal, visiblement c'était aussi pour solliciter les financements provenant de halal et vous en tant que expert de financement islamique à quel niveau pouvez vous soutenir l'ANOR dans cette sollicitation ?

On va dire que le réel l'avantage dont nous disposons c'est l'expertise et les informations donc nous connaissons les acteurs et nous savons qu'il y a un engouement des acteurs externes qui veulent venir vendre leurs produits au Cameroun. Ils savent que la question de la normalisation halal est une problématique importante. Donc l'ANOR peut à travers nous travailler avec ces acteurs là sous notre conseil et on pourra les orienter et les mettre en contact avec ces partenaires qui pourront participer aux financements des activités du CT 13 ou bien de l'ANOR dans le cadre des activités du secteur de l'industrie halal. Et l'une des stratégies ici serait d'organiser par exemple des évènements à caractère internationaux, pour que l'ANOR communique sur les efforts qu'elle même fournit, ce que CT 13 développe également, pour la vulgarisation des normes halal, ceci va attirer l'attention des bailleurs de fonds et des investisseurs potentiels et chemin faisant la collaboration deviendra beaucoup plus étroite et visible. L'événement ici sera l'occasion de regrouper tous les acteurs internationaux et sous régionaux au sein d'un même endroit pour discuter sur les opportunités, sur les perspectives et de voir comment ils peuvent développer des interactions à faire avec ces acteurs là. Voilà entre autres choses ce que nous pouvons apporter au CT 13 notamment à la norme.