On se serait attendu que des fortes contestations post électorales se fassent jour au Cameroun et s'intensifient au regard de la proximité du double scrutin législatif et municipalu qui touche directement la vie des populations. On se souvient encore des revendications persistantes d'une certaine formation politique qui a tenu en haleine l'opinion nationale et internationale au point, pour la plupart des leaders, de se retrouver derrière les barreaux. Que non, le peuple camerounais a su être légaliste en s'engouffrant plutôt dans le canevas du droit, préservant ainsi la paix sociale chère au Cameroun, perturbée ces dernièrs temps.
est une grande leçon de démocratie et de maturité que les camerounais ont affiché depuis la tenue du double scrutin municipal et législatif, le 9 février 2020. Pour une élection tenue dans un contexte bien particulier et scrutin pour lequel les enjeux ont été extrêmement grands dans certaines localités ou zones avec une campagne électorale presque électrique qui a fait tout voir jusqu'aux affrontements verbaux et menaces de toutes sortes, voilà qu'après le 9 février, tout se passe bien dans le pays même s'il faut compter avec la crise dite anglophone avec ses lots de conséquence sur la vie des populations depuis plus de trois ans que cela dure. Aucune contestation violente des résultats dans la rue ou revendication avec des méthodes inacceptables, ce qu'on craignait, n'a réellement été enregistrée. Une chose à mettre à l'actif des camerounais qui ont compris que rien ne peut justifier le désordre et les violences post électorales alors qu'il y'a des voies de recours et des mécanismes légaux de contestation des élections.
Le choix de la lucidité, la maturité et la confiance aux Institutions
En optant pour le rejet du boycott et le chaos au Cameroun, On n'irait pas vite en besogne pour dire que les camerounais ont fait confiance à Elections Cameroon (Elecam), malgré ses imperfections comme toute jeune structure et les contraintes très nombreuses, dans l'organisation de ce double scrutin. Ils ont suivi surtout les différents appels de cette Institution qui n'a jamais cessé d'appeler, à travers le président du Conseil électoral et l'ensemble de ses membres, le Directeur général également des élections, les camerounais à mieux s'impliquer dans le processus électoral, chacun, pour jouer son rôle et surtout à tout faire pour un climat post électoral apaisé, avec toute contestation, s'il y'a lieu, devant les instances appropriées.
La sortie du ministre camerounais de l'Administration territoriale, le soir des élections a réitéré cet appel d'un lendemain de vote calme au Cameroun avec des revendications uniquement selon les règles de l'art comme il est clairement défini dans le code électoral du Cameroun.
Ces multiples appels ont visiblement été suivis car c'est d'ailleurs ce qu'ont choisi de faire, certains partis politiques en lice dans ces élections et qui ont jugé nécessaire de contester certains résultats ou de demander l'annulation totale ou partielle de cette élection dans certaines circonscriptions électorales.
Le lundi 17 février 2020, s'ouvre devant le Conseil constitutionnel du Cameroun, le marathon d'audiences de contentieux post électoral pour les législatives. Près de 40 recours sont déposés devant la cour y compris par le RDPC, le parti au pouvoir, grand favori de cette double élection, parti en compétition avec déjà des communes et des sièges de députés gagnés d'avance car ayant été seul à investir des listes. C'est pas moins d'une dizaine de partis politiques qui attends la décision du Conseil constitutionnel.
Les arguments sur lesquels reposent ces différentes requêtes varient d'un parti politique à un autre. On peut citer, entre autres, des allegations des bulletins de vote qui ont manqué dans certains bureaux de vote, le climat de violence dans certaines régions du pays, notamment dans le Nord-ouest. Ce climat aurait empêché certaines populations de sortir de leur domicile pour aller voter selon le SDF qui parle également de la délocalisation des bureaux de vote par les responsables d’Elecam sans notifier les électeurs dans la circonscription électorale de la Mezam Sud. Parmi les raisons aussi des recours, les partis et surtout les czndudzts sur la liste allèguent les cas de corruptions diverses, le non respect de la loi en matière de campagne électorale, les actes d'intimidation, etc.
Après les audiences et après avoir vidé le contentieux, la Conseil constitutionnel doit proclamer les résultats au plus tard le 29 février.
Pancrace NGONO et Aboubakar Sidick MOUNCHILI