Elle a des brises de balle incroyable, un sens de but admirable. Nchout Njoya Adjara a déjà inscrit son nom dans l'histoire du football au monde. Toutes ses sorties sont particulièrement suivies et acclamées dans tout le Cameroun. Et dans tout son Noun natal, un département situé à l'ouest du Cameroun, c'est l’euphorie totale. Aussi fascinante qu’elle est dans l’air de jeu, se cache derrière Nchout Njoya Adjara, une belle et fascinante histoire que son père a acceptée de raconter sur votre site d’informations afriknouvelles.info. Un entretien réalisé par Dégramaud NJIFON
Afriknouvelles.infos : Pouvez vous vous présenter à nos lecteurs ?
Nji Tambansié : appelez moi Nji Tambansié Njoya Seïdou ; j’habite le quartier Njimbam au lieu dit Njikouboun ; je suis le père de Nchout Njoya Adjara, 21 ans, joueuse à l’équipe nationale. Elle est benjamine de mes quatre enfants.
Afriknouvelles.infos : Racontez nous les débuts de votre fille dans le football et dites nous qu’est ce qui peut l’avoir attirée dans ce métier « d’homme » ?
Nji Tambansié : Tout commence quand elle est encore toute petite à l’école primaire de Njimbam. A l’aller et au retour des classes, elle tapait sur tout objet solide : noix de mangues, d’avocat, cailloux, objets emballés, morceaux de bois … c’était des ballons pour elle au point où ces chaussures connues dans le Noun au nom de « Mbamkouop » (NDLR : chaussure fermée en caoutchouc » étaient régulièrement déchirées et ses orteils étaient couverts de blessures. Quand sa mère essayait de savoir pourquoi ces blessures et ces chaussures qui ne cessent de se déchirer, elle ne révélait jamais la raison principale. A force de suivre sa passion juvénile, sa mère et moi arrêtions finalement de l’importuner, nous disant dans notre fort intérieur que cela pouvait être son destin divin pourvu qu’elle ne néglige pas sa formation académique. Elle se sentit donc encouragée et elle accentua la pratique de son hobby. Moi personnellement, j’ai été serein en fin de compte quand, à un moment donné, elle était invitée à jouer au stade de ‘’la montagne sacrée’’ au quartier Mfentèn par son coach principal. J’ai accepté et sa mère lui a offert sa toute première godasse. Sa mère et moi, étions très encouragés et nous décidâmes de ne point l’abandonner, encouragés en cela par les voisins car le risque était bien réel pour elle de fuguer pour aller assouvir sa passion de jouer.
Afriknouvelles.infos : Etant parvenue au lycée, a-t-elle eu envie de baisser les bras ?
Nji Tambansié : Au lycée comme à l’école primaire, elle a continué de plus belle en jouant comme unique fille parmi les garçons. Quelques craintes me parcouraient l’esprit et je me demandais ce qui pouvait arriver à ma fille d’autant qu’à cause du football, elle était si proche du sexe opposé ? Nous avions peur. Mais comme elle ne s’est intéressée qu’au football jusqu’à présent.
Afriknouvelles.infos : Etant jeune, avait elle était intéressée par la « Coupe Top » ?
Nji Tambansié : Effectivement ! Elle était sélectionnée avec brio, seule fille du groupe et insérée toujours dans l’équipe des garçons de son âge. Grâce à elle, son équipe remporta la coupe avec le merveilleux but qu’elle avait marqué au camp militaire et elle reçut comme récompense un diplôme. La famille en était très fière. Mais on la trompa qu’on devait l’inscrire à l’école de football à Bafoussam et il s’est avéré qu’il n’y avait aucune école de football à Bafoussam et je n’avais même pas la somme exigée. Dieu merci, elle est allée en vacances à Douala, elle était en 3ème. Elle impressionna les organisateurs d’un championnat de vacances à force de talent ; d’ailleurs, elle marqua à elle seule cinq buts face à une équipe constituée uniquement d’hommes. Par la suite, elle tapa dans l’œil des sélectionneurs de l’équipe nationale féminine de football. Il y avait quatre filles en tout mais deux seules ont été recrutées dont ma fille Adjara. Elle quitta les bancs de l’école pour se consacrer uniquement au foot. Elle s’envolera pour l’Europe en Russie, aux Etats Unis où elle fit fureur avant d’atterrir en Suède où elle joue en ce moment, faisant le bonheur des mordus du foot féminin ou du foot tout court avec le retentissant titre de meilleur buteur féminin.
Afriknouvelles.infos : Lors de ses prestations au Canada récemment, que ressentiez vous en tant que son géniteur avec toutes les belles prouesses des lionnes en général et de votre fille en particulier dans ce pays si lointain ?
Nji Tambansié : Je me souviens bien ce de ce match contre le Japon qui nous menait deux buts à zéro ; elle entrera en deuxième mi-temps et se chargera de réduire le score. Je manque de mots pour exprimer ma joie à cet instant précis ainsi que celle de toute ma famille. J’ai dit dans mon cœur, ma fille tu iras jusqu’au bout pour assouvir ta passion qui nous enchante tant.
Afriknouvelles.infos : Quel regard jetez vous sur ses prestations dans cette CAN féminine où elle est titulaire?
Nji Tambansié : Je ne peux que rendre grâce à Dieu parce que ma fille est au milieu de toutes ces grandes stars ; elle joue bien, les camerounais l’apprécient et elle est à la hauteur. Je prie Dieu qu’elle aille jusqu’au bout.
Afriknouvelles.infos : Qu’est ce qui a changé dans votre vie parce que vous êtes le père de la grande Nchout Njoya Adjara ? Le regard des autres a til changé vis-à-vis de vous ?
Nji Tambansié : Ma vie a vraiment changé ; les gens s’intéressent plus à moi mais je dirais que celui qui donne c’est Dieu. Je ne cesse de rendre grâce à Dieu en disant : comme il m’a donné, qu’il fasse de même pour les autres. Je ne saurai tout demander rien que pour ma petite personne que Dieu ouvre la porte aux autres. Ma fille appartient aux camerounais mais davantage aux populations de l’ouest, du Noun et des Bamoun.
Afriknouvelles.infos : Revenons pour terminer sur la signification de son nom, que signifie Nchout puisque tous connaissent le nom Njoya?
Nji Tambansié : J’ai donné cet autre nom à ma fille car si la bouche (NDLR : Nchout en Bamoun) de l’homme était Dieu, personne ne passerait devant la porte de l’autre et comme la bouche n’est pas Dieu, notre destinée vient de Dieu seul et non de ceux qui bavardent ; Njoya c’est le nom de mon grand père. Njoya signifie « a kâ njùene ya’ » c’est-à-dire ma part est toujours visible, littéralement. Voici donc que mes entrailles sont vues tel que j’avais donné ce nom et que ce n’est pas la bouche des gens « nchout » qui décident.
Afriknouvelles.infos :Votre dernier mot
Nji Tambansié : Nchout Njoya Adjara est la fille du peuple camerounais mais par dessus tout, la fille de tous les Bamoun ce n’est pas ma fille, c’est votre enfant. Priez pour elle car ce qu’elle va ramener, c’est à nous tous et pour notre fierté collective.
Quant à toi Adjara ma fille, la renommée des Bamoun que tu promeus, que Dieu te donne la force, te montre le chemin. Ma prière est que tu enlèves la honte de la tête des Bamoun, de celle du président Biya et de celle du père des Bamoun, Sa majesté le Sultan Roi des Bamoun.
Afriknouvelles.infos : Je vous remercie pour la primeur de l’info car vous avez choisi de vous livrer à la presse en commençant par vos enfants d’afriknouvelles.info.
Nji Tambansié : C’est moi qui vous remercie de m’avoir permis de m’adresser au monde.
Propos receuillis par Dégramaud NJIFON