Sacré champion seulement après deux années passées en championnat de première division, la ligue professionnelle au Cameroun Eding FC de la Lekie a eu un parcours fulgurant. Pour mieux comprendre la trajectoire de ce club, l'équipe rédactionnelle de Afriknouvelles.info est allée à la rencontre du président, Saint Fabien Mvogo, l'artisan de ce projet. L’homme parle non seulement avec aisance mais avec plus d’espoir à propos de cette équipe et même du football camerounais si l’on améliore les choses selon lui. Il est question pour cet homme de terrain et de tous les fronts pour le développement de son pays et de son continent, de donner une autre image du football qui pour lui doit être une véritable industrie.
Afriknouvelles.info : Monsieur le président, comment avez-vous vécu le sacre de Eding FC de la Lekie au cours de cette saison sportive 2016-2017 en ligue 1 ?
Saint Fabien Mvogo : C'est vrai qu'à la 31ème journée nous étions sacré champion. Ça se dessinait. Le projet était d’améliorer notre 8ème place de la saison dernière avant d'aller chercher le bonus. Là nous avions eu un super bonus. Bravo aux enfants, bravo aux entraineurs, Merci à Dieu tout puissant, bravo aux supporters qui ont toujours cru en nous depuis le début du championnat.
Afriknouvelles.info : Quelle a été votre touche particulière tout au long du championnat 2016-2017?
Saint Fabien Mvogo : Déjà la technique individuelle des joueurs que nous avions recrutés. La science du jeu qu'apportent les entraîneurs et le top management que nous travaillons tout autour. C'est à dire Eding est une industrie comme toutes les sociétés. Maintenant, Il faut travailler chaque jour pour que chaque travail mérite un salaire. C'est pas facile de jouer, ce n’est pas facile d'être entraîneur, tout comme l'argent n'est pas facile non plus. Et puis, il faut mettre dans la tête des enfants, qu'il ne suffit pas d'être un bon joueur, maintenant il y'a beaucoup de travail pour être un grand joueur. Et c'est là où beaucoup ont échoué. Un grand joueur, c'est travailler dur, vivre équilibré, rester humble et bien se reposer. Et puis, on a aussi quelque chose qui nous ait particulier et que j'ai vu chez l’ancien Canon, l'ancien Union et dans les lions indomptables, c'est le fifting spirit, avoir le mental pour gagner, le mental des gagneurs. C'est la raison pour laquelle en début de chaque saison, nous essayons de prendre les hommes nécessaires qui possèdent ces facultés.
Afriknouvelles.info : Maintenant le titre est dans la poche. Le viseur est en direction de la saison 2017-2018. Allez-vous recruter les joueurs?
Saint Fabien Mvogo : Nous allons apprendre à être plus respectés au sein de l'élite. Ce n’est pas facile de monter mais rester au top c'est autres choses. Même la plus belle équipe du monde a toujours quelques choses à améliorer. Certainement nous allons renforcer. D' abord que nous avons les très bons joueurs et la majorité va rester dans l'équipe de la Lekie. Il faut avoir trois joueurs à chaque poste et que la concurrence soit toujours saine comme elle a été pour cette saison 2016-2017.
Afriknouvelles.info : Donc vous n’allez pas acheter des joueurs ?
Nous allons acheter les joueurs mais pas une panoplie juste quelques petits postes à renforcer. C'est vrai que nous avons fini la saison avec beaucoup de blessés. Le capitaine depuis n'a pas joué dix matchs et il y'en a comme ça quatre ou cinq joueurs. Nous espérions qu'ils reviendront nous donner le meilleur d'eux-mêmes comme ils ont l'habitude de nous donner.
Afriknouvelles.info : Il y’aura pas changement d’entraineur ?
Changement d’entraineur pourquoi faire ? Pas de changement d'entraîneur. C’est que nous avons un top directeur technique qui est affecté à l'ANAFOOT (ndlr : l'Académie Nationale de Football). C'est peut-être à ce niveau que nous avons un bon contact, comme vous aimez le scoop (rire....) mais c'est quand il va signer que vous sauriez. Eding FC va acheter les joueurs pour certains postes.
Afriknouvelles.info : Aujourd'hui vous allez discuter la champion league africaine. Ce tournoi où seuls les meilleurs excellent. Vous avez confié à un confrère qu'il vous faut des joueurs expérimentés pour ce type de rencontre. Quelle est votre position?
Saint Fabien Mvogo : Nous irons pour apprendre bien que nous allons vendre très chère notre peau. Nous allons essayer de faire mentir les sondages mais toujours est-il que nous serions les petits poussins. Nous allons là-bas pour apprendre et un jour si Dieu le veut et aussi la force du travail nous pourrions être aussi parmi les tops. Quand Canon et Union avaient cinq coupes, je peux vous dire que Zamalek n'avait rien, l'Asec n'avait rien Al Haly n'avait rien. Mais avec la force du travail, nous, nous sommes restés sur place avec la génération spontanée et nous avons dormi et les autres nous ont ravi la vedette. Donc nous allons essayer à Eding et je crois que tous les autres qui sont déjà qualifiés, je parle de Coton Sport de Garoua et Apejes. Ces équipes ont pour la plupart un effectif jeune, dont ils préparent la relève constante et là, c'est une nouvelle approche qui fait bien ses pas et ses marques.
Afriknouvelles.info : Êtes-vous prêts à recruter les joueurs expérimentés pour la champions league africain?
Saint Fabien Mvogo : On ne peut pas changer dans une équipe dix joueurs en une saison. C'est impossible. On peut renforcer à certains postes. Maintenant il y'a aussi la concurrence. Je connais les gens que je ne peux pas citer ici. Ils étaient venus avec le statut de titulaire après ils se sont fait '' manger '' la place par quelqu'un. Soit il était là avant soit il venait de deuxième division régionale. Donc c'est sur le terrain que les meilleurs joueront à chaque match. Même si nous renforçons quelques compartiments, même si nous recrutons un directeur technique toujours est-il que ceux qui sont là, ils font vendre leur peau très chère.
Afriknouvelles.info : La question de savoir si vous y allez en tant que offsiders.
Saint Fabien Mvogo : Nous partons en tant qu'un gros offsider (rire....).
Afriknouvelles.info : Depuis un mois, vous avez accédé à un poste de privilège, celui de président de l'Association des clubs de Football du Centre (ACFC). Qu'entendez-vous apporter pour relever la courbe longtemps affaissée?
Saint Fabien Mvogo : C’est inédit. Nous avons réuni les membres de l'association (ACFC) pour faire des propositions sous la demande du comité de normalisation de la FECAFOOT. Les clubs formateurs, le beach soccer, le futsall et le football amateur, féminin, professionnel ont répondu présents. Nous avons fait des ateliers. Que chaque groupe, chaque secteur, chaque catégorie fasse des propositions que nous allions juste mettre aux propres pour transmettre à qui de droit. Ça s'est fait avec convivialité et c'est ça que nous comptons apporter, le travail pour espérer gagner. Il faut concevoir. Là, c'est ce que Dieu m'a donné et c'est ça qui fait ma force d'avancer avec mes frères, où le plus souvent certains se cachent dans une chambre et travailler seul. Vous voyez il y'a la CEMAC, UNION EUROPENNE, dont l’union fait la force. J’aimerai emmener l'association au plus haut. Chaque chose, chaque acteur est important et non quelques personnes qui prennent les décisions au nom de toute l'association. Je suis même surpris d'entendre que quelqu'un n'a pas de licence d'un club mais il occupe les postes et licencie les autres. Vraiment, je ne sais pas. Disons que j'avais un champ, j'étais un planteur et j'ai abandonné mon champ, il n'existe plus. J'étais aussi élu et je n'ai rien fait. Je n'ai même plus de champ. Quand j'entends que les vrais planteurs ont un autre président, je ressors que je suis président. Je ne connais plus le problème des planteurs maintenant, puisque je n'ai plus de champ. C'est ça qui fait mal des gens. Vraiment il faut que chacun reste à sa place. Quand les promoteurs se saignent tous les jours, font leur réunion, nous voulons que même vous qui veniez, il faut respecter leur travail.
Afriknouvelles.info : Comment allez-vous faire pour que les clubs formateurs perçoivent leur frais de formation?
Saint Fabien Mvogo : C'est pour ça que nous avions tenu une réunion pour que dans les nouveaux statuts de la fédération stipulent si Eding prend un joueur à Accefoot, il doit avoir une libération et une clause qu'on doit respecter. Parce que si eux, ils ne forment plus, nous n'aurions plus de joueur à chercher. Il n'y aura plus de football d'élite. Les clubs professionnels eux aussi n'ont pas de fonds de solidarité. Quand leur joueur est transféré à l'étranger, ils savent quand ça arrive et comment ça arrive. Les problèmes sont à tous les niveaux. Il y va donc au comité de normalisation de mettre les textes que ça stipule bien. Si Fotso ancien joueur d'Eding se trouve au Pérou ou à Bruxelles, la FECAFOOT doit s'assurer que le club formateur a eu ses frais de formation.
Afriknouvelles.info : Vous venez d'acheter le club Panthère Security Filles qui porte désormais le nom d'Eding Fille. Que recherchez-vous?
Saint Fabien Mvogo : On a admis que notre ligue est professionnelle. Mais ne peut être professionnelle vraiment qu’un club qui a l’équipe première et toutes les catégories y compris le football féminin, ses propres infrastructures. Voilà ce que l'on peut dire des professionnels. Maintenant vous verrez que Coton est presque, il ne manque que la section féminine. Ils ont leur stade. Eding et Apejes sont en route et Dragon aussi je crois et peut-être Union, j’entends les jeunes de l’Union car ils ont l’équipe première et la catégorie inférieure. Sauf que Eding a ajouté l'équipe première féminine. La saison prochaine, il y'aura la catégorie inférieure. Eding a acquis trois sites pour ses stades à venir à aménager, à mettre en valeur et la fin avec une salle de machine, de soins. tout ce qu’il faut, l'auberge sportive. En ce temps-là, on pourra dire que Eding est vraiment professionnel. Il ne suffit pas avoir une équipe et les maillots et prétendre qu'on est professionnel et pourtant nous avons les problèmes pour avoir les licences CAF.
Afriknouvelles.info : La dernière question est sans doute celle qui fâche. D'où proviennent les finances d'Eding club?
Saint Fabien Mvogo : Eding a la chance d'avoir un entrepreneur. Il travaille dans son pays depuis vingt ans. Il a construit ce projet parce qu’il a vu un peu les problèmes. Qu'est ce qui fait réussir les autres? J'ai eu la chance de travailler en France dix ans pour apprendre. J'ai vu comment ça se passe et je parcours l'Afrique et le monde. Et, qu'est ce qui fait réussir les autres? Qu'est ce qui fait la longévité des autres? C'est la jeunesse. Ce sont les centres de formations. Ce sont les retombées. C'est le sponsoring. C'est l'image. C'est le top management. C'est quelques choses à revendre. C'est pour ça que dans chaque CV (Curriculum Vitæ ndlr.) d'Eding, je cite Eding. En ligue 2 a été l'équipe la plus Fair Play. En Elite One MTN, la saison dernière l'équipe la plus Play Fair, parce que tout ça, ce sont les titres. C'est le poids dont quand vous montez un dossier pour aller chercher un sponsor, pour aller chercher les images, pour aller chercher quelqu'un qui veut que vous mettez ses labels. En comportement, nous sommes bons, au stade nous sommes bons, administrativement nous sommes bons. Nous ne sommes pas une équipe bananière. Donc tout ça concoure à avoir une bonne carte de visite et une visibilité. Le concepteur donc, a les fonds qu'il prête à Eding. Comme c'est une industrie, pour gagner il faut investir. Si tu n’investis pas, tu ne gagneras pas. Comment voudrez-vous que vous restez au village tout au long de l'année mais au temps de récolte, vous allez récolter quoi. Donc moi, j'ai la routine comme j'avais créé mes petites entreprises. Ces entreprises gagnent les marchés et réalisent les travaux. C'est la même chose, on ne me donne pas l'avance de démarrage le jour où je mets le premier coup de pioche. Je dois faire les travaux à 20% et là on me donne l'avance de démarrage. Donc c'est la même chose. C'est l'avance de démarrage que le président d'Eding émet pour Eding, que vous aimiez aujourd'hui, ceux qui aiment le beau football et le top management. Et ça à long terme, ça va payer. Car, il faut investir à court terme, à moyen terme et à long terme.
Afriknouvelles.info :Qu'est-ce ce qui va pérenniser?
Saint Fabien Mvogo : Faire qu’Eding ne disparaisse pas comme nos grands clubs ou dans l'anonymat. Ce sont les stades et s'il y'a donc les retombées des joueurs et de la publicité, ça contribue. Quand vous avez quelqu'un qui vient de l'étranger, vous l'emmenez dans votre centre de formation, il vous prend très au sérieux. Donc une équipe que les gens comprennent, ce ne sont pas les joueurs sur le terrain et le maillot tout simplement et le président, non ! C'est le statut, il faut construire le statut.
Ayouba Nsangou.