C'est ce que pense le Dr Ibrahim MBOMBO MOUBARAK, président de l'Union Islamique du Cameroun(UIC). Il connaît très bien la Turquie qu'il qualifie d'ailleurs de pays très remarquable, déterminé, capable de dérouler une autre approche de coopération plus ciblée et adaptée au besoin du monde aujourd'hui et des communautés religieuses. Pour lui, la Turquie est capable aussi d'assumer le rôle de leader dans le concert des pays musulmans, à majorité ou minorité musulmans. Ce pays dit-il, qui connaît le prix de la paix pour avoir traversé dans son histoire des zones de turbulence a d'énormes potentialités. Le Dr Moubarak a été avec l'organisation qu'il dirige, parmi les tous premiers, sinon les précurseurs, à nouer des relations fructueuses et bénéfiques de ces dernières années, côté socio-religieux au Cameroun. La rédaction du site multimédia d'informations générales et d'initiatives sur le continent africain, afriknouvelles.info, est allé à sa rencontre. L'ambassadeur de paix parle en exclusivité des enjeux du sommet mondial des minorités musulmanes qui s'est tenu à Istanbul, dresse à sa manière, le bilan de la participation de l'UIC à cette rencontre et de ses nombreuses retombées attendues.
Afriknouvelles.info : Quelle est l’importance que l’Uic accordait au sommet d’Istanbul ?
Dr Ibrahim MBOMBO Moubarak : A savoir quelle est l’importance que l’Union Islamique du Cameroun accordait au sommet d’Istanbul, je répondrais à cette question d’Afriknouvelles.info en faisant savoir d’abord que le fait que la Turquie soit l’un des pays qui connaît le prix de la paix pour avoir traversé dans son histoire des zones de turbulence et qu’elle organise un sommet mondial sur les minorités musulmanes, supposait donc qu’il y a un message assez fort dont les participants devraient partager à ce que le monde attend aujourd’hui compte tenu du fait que depuis carrément ces derniers décennies et plus précisément ces dix dernières années, une bonne partie du monde est dans l’instabilité. Le monde musulman est le plus secoué, et l’impact de cette secousse que subissent les pays majoritairement musulmans ainsi que les minorités donnent un certain nombre de clichés sur la compréhension non seulement de l’Islam, mais des sociétés islamiques par les non-musulmans et parfois même par des musulmans. Ces questions voudraient que nous produisions des réponses et que les choses soient bien centrées. Le Cameroun est l’un des pays qui est le mieux concerné lorsqu’il faut parler de la minorité musulmane dans une société diverse, multiculturelle, multiconfessionnelle, multilinguistique.
La société musulmane camerounaise ayant sa partition à jouer malgré le retard, le problème d’organisation et un certain nombre de facteurs, il fallait que nous y allions pour tricher chez ceux qui se sont le mieux avancés. Dans le modèle camerounais, nous vivons ensemble avec les autres dans le respect de la différence, le partage et la construction de notre nation ; la différence des religions étant plutôt un facteur d’unité nationale, de citoyenneté, de paix et de stabilité. Ainsi, il fallait aller à ce sommet pour que l’unité et la paix que recherche le monde puissent se construire. Voilà pourquoi nous avons accordé une importance à cette rencontre d’Istanbul à travers la participation de l’Uic qui a envoyé une délégation pour représenter la communauté musulmane du Cameroun ; une délégation forte de trois hommes de terrain, à savoir : le délégué régional de l’Adamaoua Cheikh Ousmane Bia, un éducateur de l’Université de N’Gaoundéré le Dr Mohammadou Bassirou Arabo, enfin un communicateur, Aboubakar Sidick Mounchili qui représente d’ailleurs plusieurs institutions de communication à travers le monde comme correspondant et qui, en tant que tel, doit jouer le rôle de vulgarisation des informations en temps réel sur des questions sages qui devraient plus nous édifier sur la manière dont les autres ont évolué, ce qui leur aura manqué et ce que nous avons comme défis à relever et quels sont les techniques à pouvoir bien le faire en mettant la nation camerounaise et le reste des personnes qui nous ont suivi du début du sommet jusqu’à la fin, au courant de ce qui s’est passé en Turquie.
Il faut savoir que les actions de la Turquie sur le terrain africain et plus particulièrement camerounais étant innombrables en une courte période sont aussi des gestes qui devraient servir de motivation, parce que lorsqu’un pays a pu marquer au niveau humanitaire la nation camerounaise qui est la nôtre, il y a une présence turque un peu plus évoluée sur le sol camerounais dans le domaine socio-culturel, socio-économique, humanitaire, et puis qu’on ait de échanges purement confessionnels, cette collaboration avec la présidence turque des affaires religieuses que l’Uic avait déjà eu à inviter sur le sol camerounais dans le but de répondre à l’appel qu’avait effectuer l’Uic au nom de sa communauté religieuse en 2011.
Donc la Turquie est connue sur les forages d’eau qui existent dans les différentes régions du Cameroun, aussi des écoles du cycle primaire jusqu’au secondaire. Elle a d’autres assistances sur le côté purement humanitaire, qui vient en renfort aux jeûneurs durant le mois de Ramadan à l’assistance des pauvres et des différentes couches sociales sans distinction aucune.
Elle vient également en appui au mois de hajj à savoir l’assistance à la fête de sacrifice à travers la distribution de viande et autres pour que les pauvres et les démunis puissent manifester la fête. On note aussi l’appui aux institutions religieuses à savoir : l’aide à la construction des mosquées et même des écoles confessionnelles sur le territoire camerounais. On a eu avec les organisations de Turquie pour ce qui concerne l’Uic à construire deux complexes islamiques ici à Douala précisément à Logbessou Pk14, et à Ndogpassi3. Ce n’est pas seulement le Cameroun qui en bénéficie, mais la sous-région et le continent africain. Voilà en fait certains éléments motivateurs qui ont amené l’Uic à se rendre avec toute la curiosité de regarder sur ce qu’on pouvait avoir de plus qui soit concordant au contexte camerounais ; bien que notre relation avec les affaires religieuses de la Turquie date de 1997.
Afriknouvelles.info : Quel est le message que l’Uic a porté à Istanbul ?
Dr Ibrahim MBOMBO Moubarak: Le message que l’Uic a porté à Istanbul est bien évidemment non seulement le message de l’état des lieux de la minorité musulmane camerounaise dans son histoire depuis l’entrée de l’Islam au Cameroun, sa coopération avec les autres confessions religieuses, à savoir le Christianisme venus au Cameroun dans les années 1820 ; La vie harmonieuse jusqu’alors entre ces religions et même avec les religions traditionnelles animistes. Cette diversité culturelle qui est une richesse pour le Cameroun, la liberté de la pratique religieuse, de pensée, de s’exprimer sont les atouts que le Cameroun a et bien évidemment de pouvoir dire qu’une minorité religieuse selon le Cameroun n’est pas une minorité marginalisée ou exclue, tout au contraire il y a une prise en compte de la société camerounaise et même au plus haut niveau à ce que la société camerounaise musulmane qui est la plus analphabète et décroissante en matière d’éducation puisse en bénéficier autant. Donc, à regarder aujourd’hui bien qu’on multiplie la création des universités au Cameroun, mais les régions qu’on peut dire un peu majoritairement musulmanes en ont bénéficié pour ne pas parler de celle de N’Gaoundéré qui est plus ancienne, mais à Maroua et à Garoua aussi. Nous pouvons en dire que la société camerounaise ne met pas celle des zones majoritairement musulmanes en marge. Donc, il y a un effort pour ce qui concerne les politiques du Cameroun, un effort de socialisation, et les confessions religieuses même en faisant les missions d’évangélisation en toute liberté, mais ne font pas de l’exclusion sociale et de l’exclusion humanitaire à l’endroit de leurs frères musulmans. C’est la raison pour laquelle dans les écoles confessionnelles protestantes, catholiques ou adventistes on trouve que les musulmans qui y inscrivent ne sont pas refusés. Donc ce qu’il y a plutôt à faire est que ce qui est attendu de la société musulmane camerounaise ou de l’Uic est qu’il faudra que nous levions les pieds plus hauts pour contribuer au développement de la nation dans les domaines assez variés, parce qu’il faut des ressources humaines que ce soit dans la santé, l’éducation, l’économie, l’industrie, bref dans tous domaines possibles qu’une nation a besoin pour qu’elle soit réellement émergeante. Il faudrait qu’on retrouve les musulmans dans tous ces domaines pour contribuer non seulement à la stabilité, mais à la croissance dans tous les domaines. C’est en fait le message que nous avons eu à apporter en Turquie tout en disant que ce ne sont que des éléments qui peuvent, avec l’amour du prochain, valoriser la paix en réalité et la stabilité non seulement dans un pays mais dans une sous-région et même dans un continent. Donc c’est cette expression de notre vivre musulman au Cameroun et notre vivre en société qui peut-être est un modèle malgré les instabilités que quelques régions du Cameroun connaissent ces derniers temps et qui d’ailleurs, un exemple typique à prendre que si Boko haram est un mouvement terroriste voulant se revendiquer de l’Islam et qui ne l’est pas, parce qu’il n’appartient pas à un ordre religieux au Nigeria facilement reconnu, et qui ne l’est non plus au Cameroun, mais le terrorisme n’est accepté dans aucune croyance au monde. Les musulmans camerounais n’ont pas adhérer à cette idée comme ils n’adhèrent pas au mouvement terroriste Turque FETO. Mais par contre, ils collaborent avec les institutions de la république pour éradiquer ce phénomène de terrorisme, parce que l’Islam est la paix, doit être où il y a la paix, doit sauvegarder la paix. C’était ça notre message en Turquie.
A noter également que même la minorité vivant en zone de turbulence pour parler du Sud-Ouest et du Nord-Ouest bien évidemment leur foi leur coexistence pacifique, le respect des institutions et de la majorité aussi non musulmane et la cohabitation et la coexistence avec celle-ci sont les seuls garants qui font à ce que jusqu’à nos jours cette minorité n’est pas du tout inquiété par ce qui se vit dans ces zones-là.
Afriknouvelles.info : Quel sera à votre avis, l’impact de ce sommet sur les actions de l’UIC ?
Dr Ibrahim MBOMBO Moubarak : Bien évidemment vous savez qu’une communauté religieuse telle que l’Uic chaque fois a le bilan de son exercice qui prend en compte les domaines variés que ce soit le domaine éthique et moral, de la spiritualité, de la religion ou des religieux en tant qu’individu et des ressources humaines, de la santé, de l’éducation, de l’économie et même politique, tout cela doit être rassemblé dans un bilan et doit pouvoir dire qu’il y a déjà des acquis par rapport à un certain nombre de défis. Il y a des défis à relever, il y a des attentes de la population en général, les attentes des musulmans, des démunis, des désœuvrés, des femmes…
Il y a des domaines qui sont réservés à la coopération à l’intérieur du Cameroun avec les autres pour parler de dialogue interreligieux, c’est des actions qu’on peut mener en commun. Il y a des manquements, des défis à relever, des attentes ainsi de suite. Donc l’impact de ce sommet sur les actions de l’Uic devrait répondre bien évidemment dans ce que je viens de dire, mais à une exception qu’il faut que nous fassions au niveau de l’Uic, ce qu’on appelle un effort d’adaptation, c’est-à-dire un discours qui est donné à l’extérieur par plusieurs pays à la fois peut avoir une convergence majoritairement sur un point de vue et divergent à la minorité que peut être le Cameroun par exemple dans cette minorité qui diverge avec la majorité dans le débat, mais le Cameroun ne devrait pas s’incliner à dire nous la prenons telle est pour venir l’appliquer tout en sachant que nos divergences émanaient du fait que le contexte camerounais adhérer ou du moins l’application de cette déclaration ne peut pas être praticable sur le sol camerounais. C’est pour cette raison qu’on dit qu’il faut pouvoir voir à travers une option que les gens peuvent s’y accorder et de voir quel peut être l’effort d’adaptation si jamais il peut avoir un intérêt social et si on peut adapter cela à notre réalité. Mais, au cas où l’adaptation n’est pas donc possible, l’abstinence donc est roi. C’est un certain nombre de problèmes où il y a eu beaucoup de zones et d’éléments qui ont bien évidemment des impacts qui satisfont les attentes même de la communauté musulmane de l’Uic, à savoir le dialogue interreligieux, la culture de la paix, la morale, les formations dans les domaines assez variés, bien évidemment que c’est depuis des années que la Turquie est l’un des pays qui octroient des bourses dans plusieurs domaines aux africains et au monde et que le Cameroun est aussi bénéficiaire, que ce soit des bourses d’Etat ou des bourses généralisées dans tous les domaines possibles. Que ce soit dans la technique ou dans l’enseignement général, c’est tous les camerounais sans distinction de religion qui bénéficient puisqu’il s’agit des bourses d’Etat. Donc c’est à ce niveau que nous pensons qu’il puisse avoir l’impact, mais dans le cadre des règles que je viens de décrire.
Afriknouvelles.info : Donc qu’on peut s’attendre à ce que les lignes bougent dans les prochains jours, autrement dit l’espoir est permis ?
Dr Ibrahim MBOMBO Moubarak : Il faut que les prochains jours relèvent que nous puissions déjà face aux défis à relever dans les domaines socio-humanitaire, culturel, des formations assez variées. Mais, il faudrait que nous puissions classer les choses par ordre de priorité de telle manière que l’éducation passe avant, puis la santé, la formation des hommes de culte et ainsi de suite. Mais l’éducation ayant toute son essence parce que c’est dans l’éducation qu’on cultive l’esprit à la paix, qu’on cultive le corps à mieux vivre à partir d’un métier, qu’on renforce le savoir vivre ensemble et la notion de la paix et le respect des institutions. C’est pour cela qu’elle reste la chose prioritaire, bien évidemment un esprit sain ne peut se loger que dans un corps sain, c’est pour cette raison que la santé suit effectivement. Il ne s’agit seulement des infrastructures de santé, mais surtout les hommes formés dans ce domaine, parce que la santé n’est pas confessionnelle, mais elle est humaine, elle n’a pas de religion, de sexe ou de tribu. C’est la raison pour laquelle nous pensons que ce sont des angles prioritaires.
Il y a également l’angle de renfort des structures religieuses avec les méthodes plus adéquates compte tenu du fait que l’évolution ou la modernisation exige que les structures puissent se concorder avec les textes qui nous régissent. Donc il est question que les lieux de cultes sortent de la clandestinité ; ces lieux sont non autorisés et il y a un certain nombre de choses à pouvoir faire, ils sont généralement sur des terrains non titrés et bâtis sur on ne sait quel ordre, ils manquent de représentativité officielle, alors que les textes établis au Cameroun sont assez clairs sur l’organisation des cultes et les lieux de culte et même sur les personnes pratiquant les cultes. Donc, pour jouir de cette liberté, il y a un certain nombre de modalités et de conformités qu’il faudrait que les musulmans s’imprègnent sur ces textes qui nous régissent pour être des véritables musulmans camerounais et camerounais musulmans. C’est de cela qu’il s’agit.
Afriknouvelles.info: Je vous remercie.
Dr Ibrahim MBOMBO Moubarak : C’est moi qui vous remercie et souhaite à votre site d’informations d’aller toujours de l’avant comme acteur au service de la bonne information, un acteur sérieux d’accompagnement des initiatives et du développement du continent.