A la tête d'une association qui s'est donnée entre autres pour mission de faire la promotion de l’astronomie dans l’environnement Afrique Centrale et en particulier au Cameroun où l’astronomie reste encore ignorée, le Dr Ibrahim Mbombo Moubarak, ministre de Culte, ambassadeur de paix, un engagé pour le renforcement permanent du dialogue entre les religions et le respect des lois de la République, président de l'Union Islamique du Cameroun, affiche là qu'il a plus d'une carte dans sa poche pour le bien de la société en plus de l'homme d'affaires qu'il est aussi.
Visiblement donc infatigable et concentré, toujours déterminé dans ce qu'il fait, l'homme a animé une formation, il ya quelques jours, dans la capitale économique du Cameroun, Douala. Il revient dans cette interview qu'il nous a accordée, sur cette formation et présente les objectifs de cette association.
Afriknouvelles.info : Cheikh Docte, Moubarak IBRAHIM MBOMBO, vous êtes le Président de l’Association pour l’Observation Astronomique en abrégé AOA, vous êtes également membre de l’Association française d’astronomie avec droit de candidature pour l’administration de ladite association, merci de répondre aux questions de la presse cybernétique Afrique Nouvelles. Vous venez d’animer ici à Douala une importante formation, il s’agissait de quoi ? Qui est ce que vous avez formé ? Sur quoi ? Et pourquoi ?
Président de l’AOA : Bien évidemment, l’Association pour l’Observation Astronomique (AOA) s’est donné une mission de faire la promotion de l’astronomie dans l’environnement Afrique Centrale et en particulier au Cameroun où l’astronomie reste encore ignorée. Alors qu’en réalité une société sans culture de l’astronomie est une société en perte de stratégie de développement et en perte d’évolution dans le sens réel du terme. C’est la raison pour laquelle, pour cette 3e séance de formation en astronomie l’AOA a choisi trois modules assez intéressants à savoir : l’introduction à la connaissance des calendriers, l’usage des tableaux prévisionnels et la localisation des phases lunaires. Il fallait que les personnes qui avaient suivi les deux premières séances de formation - qui portaient pour la première sur la définition de l’astronomie et du système solaire, le fonctionnement et les distances entre les planètes et l’astrophotographie du ciel profond ; pour la deuxième sur la géographie et la connaissance de la planète lune qui est assez rapprochée de la terre. Notons que les calendriers qui sont pris en compte sur notre planète terre dépendent annuellement de la révolution de la terre autour du soleil ; et que le mois émane de la révolution de la lune autour de la terre, alors que les horaires journalières sont de la révolution de la terre autour d’elle-même. D’où l’idée de cette 3e séance de formation.
Afriknouvelles.info: Vous vous êtes fixés pour objectif de vulgariser l’astronomie, est-ce la science pour la science ? La connaissance pour la simple connaissance ? Ou est-ce une connaissance utile ?
Président de l’AOA : C’est la connaissance pour la science et non la science pour la science, et non pas la connaissance pour la connaissance. Parce que toute connaissance est d’abord une science en elle-même, mais la connaissance pour la science est une connaissance qui permet d’être encrée dans l’évolution purement scientifique. C’est-à-dire qu’aujourd’hui lorsqu’un débutant, un amateur ou un professionnel se retrouve dans ce milieu il fait un pas en avant. Il arrive pour certains de réviser leurs connaissances et pour d’autres c’est bien un plus qu’ils s’octroient.
Afriknouvelles.info: Quel est l’intérêt que le citoyen lambda gabonais, congolais, tchadien… puis qu’on parle de l’Afrique Centrale ? Qu’est-ce qu’il peut tirer d’une telle connaissance que vous voulez vulgariser à travers cette association ?
Président de l’AOA : Je voudrais dire simplement qu’aujourd’hui au Cameroun, à cause des inondations, l’on parle de nos jours de météorologie qui est un fait d’étude climatique alors que le climat est un fait du système solaire donc de l’astronomie. C’est une science qui découle de l’astronomie parce qu’il s’agit de l’évolution du système solaire et de tout ce qui est climatique à l’intérieur. Donc voyez-vous, aujourd’hui, quand quelqu’un va en Chine l’on vous parle d’un autre calendrier et d’une année chinoise, et qu’en France l’on vous parle du calendrier républicain, d’un calendrier grégorien ou d’un calendrier julien ; et dans la société musulmane l’on vous parle d’un calendrier islamique. Autrefois on parlait même d’un calendrier égyptien, un calendrier persan, un calendrier turc, un calendrier juif ou hébraïque etc. Le monde a environ 40 calendriers, il y en a qui sont moins utilisés à cause de l’évolution du temps. Mais le monde fait usage à 5 calendriers environ qui sont divisés en 3 de types : lunaire, solaire et luni-solaire, le calendrier juif et le calendrier chinois sont de ce troisième type, assez compliqué. Par contre quand vous voyez un calendrier appelé calendrier musulman et qui n’est pas unique en son genre, on retrouve que le calendrier musulman est un calendrier lunaire. Alors qu’un calendrier julien est un calendrier solaire et le jour y commence à partir de midi et fini le midi du lendemain. Ainsi quelqu’un pourrait se perdre par rapport à un calendrier julien qui est un calendrier aussi solaire mais ayant 13 jours de différence avec un calendrier grégorien qui a aussi une différence de 11 jours par an avec un calendrier lunaire. Ça il faut pouvoir le savoir et connaitre les années dans lesquelles ils se trouvent et faire une comparaison. Savoir ce que c’est, la connaissance des calendriers pour les différentes années qui existent, c’est toute une histoire scientifique qui nous inspire aussi. Et maintenant l’usage des tableaux prévisionnels lunaires pour ce qui concerne les africains qui ont toujours utilisé un calendrier lunaire d’une part et les musulmans d’autre part ; sans oublier notre société qui se retrouve un peu confuse avec la question des dates des fêtes musulmanes il fallait bien initier notre société à pouvoir lire au moins sur un tableau prévisionnel lunaire. Un tableau prévisionnel lunaire est astronomique donc minutieusement calculé, si l’on n’arrive pas à le lire alors il ne pourra pas savoir à quel jour exactement le nouveau croissant lunaire apparaitra afin que les gens débutent le Ramadan ou fêtent. Il y a dans le calendrier lunaire deux types d’années : une année commune, c’est une année où il y a alternation entre les mois de 29 et les mois de 30 jours c’est à dire que le 1er mois de l’année lunaire compte 30 jours alors que le 12em mois ne compte que 29 jours. L’autre est une année abondante, c’est celle pendant laquelle le premier mois commence par 30 jours et le 12e mois finit par 30 jours. Contrairement à ce qu’on ait une année de 354 jours dans l’année commune, on se retrouve dans une année abondante avec 355 jours. Cette différence ne se joue qu’à travers le fait du coucher de la lune et du coucher du soleil. Il est à retenir que, lorsqu’à la fin d’un mois nous voyons que l’heure du coucher de la lune est exactement quelque minute avant le coucher du soleil, cela traduirait que le nouveau mois ne pourra pas commencer le lendemain parce qu’il aurait fallu qu’en fait le soleil se couche avant la lune. Par exemple, lorsque le soleil se couche à 18h 30 et que la lune se couche à 19h 15, ça veut dire qu’au coucher du soleil nous avons environ 45 minutes de temps pour pouvoir observer le nouveau croissant lunaire. Cela étant, lorsque le soleil se couche donc à 18h 30 au 29e jour du mois lunaire et que la lune se couche plus tôt à 19h 15 ce qu’automatiquement le lendemain sera le 1er jour du nouveau mois et ne pourra aucunement être le 30e jour du mois lunaire ; et dans le cas contraire le lendemain sera le 30e jour du mois en cours.
Afriknouvelles.info: Si on comprend, ça veut dire que c’est extrêmement important que les gens puissent le savoir. Ça c’est l’objectif d’une telle association. Est-ce qu’on peut savoir comment a été cette formation ? Quel est l’écho que ceux que vous avez formés ont pu rapporter à l’idée que vous avez ?
Président de l’AOA : A titre d’information, l’AOA est une association membre du Centre International d’Astronomie et membre de l’Association Française d’Astronomie pour ne citer que cela. Personnellement j’ai droit de candidature et de vote pour l’Administration de l’Association Française d’Astronomie. C’est à cet effet que nous avons essayé de satisfaire l’attente des participants, bien que l’objectif ici, entre autre c’est de répondre aux besoins de notre société qui est souvent confuse dans la question des dates de fête qui relève de la connaissance purement astronomique et donc l’ignorance de cette science par certaines personnes a été à l’origine de la perturbation des examens l’année 2019 au Cameroun ; il fallait donc donner une réponse et un signal à notre société pour la question de l’observation astronomique en général et de l’observation lunaire en particulier autant que nous voyons l’organisation en charge de la météorologie s’est déployée aujourd’hui pour prévenir les inondations. Les participants ont reçu avec beaucoup d’encouragement, beaucoup de joie, beaucoup de considération cette nouvelle science qui leur est parvenue, qui les a propulsés et qui a d’ailleurs répondu à toutes les attentes. On peut prendre en souvenir quelqu’un qui posait la question de savoir pourquoi est-ce qu’on retrouve la lune en plein 13h ? Et qu’on voit le soleil brillant mais on voit aussi la lune à côté en plein jour alors que l’illumination du soleil empêche que les étoiles dont la lune puissent être visible. C’était une question assez importante mais lorsqu’on sait que les orbites qui sont autour du soleil sont de formes ovale, donc lorsque la terre se retrouve à l’extrême Nord de son orbite dont plus distant du soleil, l’illumination du soleil se retrouve en baisse et la lune qui reçoit autant que possible cette illumination peut être observée. Ça veut dire qu’étant à l’extrémité de cette orbite de forme ovale dont plus loin du soleil, automatiquement la terre se trouve dans la saison de pluie ou son hiver. A ce moment-là, la lune peut être visible en plein jour. C’était une question illustrant le 3e module de la localisation des phases lunaires et qui a une grande importance parce que de manière traditionnelle les sociétés anciennes avaient une familiarisation avec les phases lunaires, ils étaient en perpétuelle connexion avec la nature. Mais aujourd’hui avec la pollution atmosphérique en plus de notre ignorance nous nous trouvons déconnecter avec la réalité de notre nature d’où le besoin de nous spécialiser dans les sciences de la nature, du temps et de la connaissance du ciel profond. Les participants qui étaient environ 50 personnes de fonctions diverses, des élèves, des étudiants, des religieux, des membres de la société civile, tous ont apprécié la quintessence de de l’enseignement qui a été donné.
Afriknouvelles.info: Dernière préoccupation, vous compter aller où avec l’AOA ? L’activité jusqu’ici se passe à Douala, vous voulez aller jusqu’où avec cette association ?
Président de l’AOA : Déjà, nous publions et diffusons les résultats de nos prévisions astronomiques de manière très régulière ; nous collaborons sur les échanges d’information avec certains centres astronomiques et nous observons les différents pôles satellitaires qui circulent sur nos têtes, à savoir qu’il existe plus d’une centaine de satellites par jour qui traversent le territoire Afrique Centrale pratiquement, et de certains nous recevons la transmission en direct des images diffusées en tout temps ; nous recevons des images atmosphériques pas seulement sur l’Afrique Centrale mais sur tout le globe terrestre ainsi que la localisation à tout temps du Soleil et de la Lune. Nous identifions à tout temps voulu les satellites qui survolent l’espace céleste de notre sous-région voire notre continent ; ce sont des satellites qui naviguent à une altitude allant de 427 Km au plus au-dessus de nos têtes. Aujourd’hui, le Burkina Faso est en train de construire un satellite qui pourra aider sa population en termes de communication, de médecine, et de toutes les informations liées à l’astronomie ; c’est pour nous une bonne opportunité de collaboration. Nous voulons arriver si cela nous est permis avec l’action gouvernementale et les centres de recherche au Cameroun pour ne pas parler du ministère concerné et le ministère de l’enseignement supérieure, pouvoir donner possibilité à nos jeunes camerounais de s’intéresser à l’astronomie pour que cette discipline puisse être enseignée à dans nos écoles parce que dans la réalité des faits un pays qui n’a pas des personnes qualifiées en astronomie, un pays qui n’a pas de satellite dans ses propres orbites, est un pays en échec dans l’évolution du monde d’aujourd’hui. De nos jours la concurrence entre les nations, la défense, le développement des stratégies pour le progrès sont portés par la pratique ou l’ingénierie de l’astronomie et ses dérivées. Lorsqu’on n’est pas dans l’espace, on n’est pas sur la terre.
Afriknouvelles.info: Merci Beaucoup.
Président de l’AOA : C’est moi qui vous remercie.