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En optant pour la création des péages routiers au Cameroun, l’on n’avait certainement pas pensé que ces points d’arrêt obligatoire pour le payement des droits d’entretien du réseau routier par les automobilistes allaient devenir de vastes points de fortune pour certaines populations. Aucun axe au Cameroun n’échappe désormais à cette règle. Certains points de péage sont en passe de devenir des indications uniques pour certains produits bien appréciés des camerounais. Cas pratique avec les « Bobolo » ou les bâtons de Manioc sur l’axe routier Douala-Bafoussam au péage routier de Muyuka où le génie de la gente féminine surtout s’impose pour le développement d’un tissu économique en marche vers l’emergence. 


Péage routier de Muyuka situé dans l’arrondissement de Mbanga, dans le département du Mougo chef lieu Nkongsamba et dans la région du Littoral Douala. C’est ici que bon nombre de camerounais parvient à joindre les deux bouts. Cet endroit instauré par l’autorité administrative permet à tout automobiliste de s’acquitter du droit de péage routier, qui s’élève à cinq cent francs CFA (500 frs CFA). Le paiement se fait de façon manuelle, les péagistes étant placés du côté des chauffeurs, ils collectent les recettes moyennant un ticket. Cette action ralentit la circulation, permet aux différents vendeurs de prospecter leurs différents produits aux passagers. Les offres étant nombreuses, mais celle qui fait la parbelle est le bâton de manioc. Cette activité porte les estampilles des femmes de cette localité. Selon une enquête menée par nous au cours de plusieurs voyages, ces dames ont mis un accent particulier à leur fabrication. Ce qui amène les différents passagers à s’abstenir à toutes dépenses éventuelles tout au long du trajet au profit de cette denrée.  Elles qui se battent chaque jour  pour satisfaire leurs clients passagers, n’ont pas droit à l’erreur déclare l’une des femmes.


Contrairement à ce que pensent certaines personnes selon laquelle la place de la femme est réduite au foyer, ces dames dont l’âge varie entre 18 et 30 ans sont au four et au moulin de leur épanouissement. Elles ont choisi de présenter leur expertise par la fabrication d’une denrée alimentaire appelée le bâton de manioc connu sur le nom de « Bobolo ». Un aliment prisé par les voyageurs au cours de leur trajet, ce bâton est essentiellement fabriqué à l’aide du manioc comme son nom l’indique. Ces vendeuses déboursent chaque jour huit milles francs (8.000frs Cfa) pour la production de leurs marchandises. La somme est répartie comme suit, quatre milles francs(4.000 frs Cfa) pour les achats d’un demi sac de manioc, des feuilles pour emb    aller à trois milles francs(3.000 frs Cfa), des ficelles pour attacher le produit semi-fini à cinq cent francs(500 frs Cfa) et les bois pour la préparation à cinq cent francs(500frs Cfa). Après l’assemblage des ingrédients, place au pétrissage. Le manioc trempé va donc subir une transformation à l’aide d’une machine. Après l’obtention de la pâte, l’assaisonnement, l’enfouissement et enfin la cuisson.


Après cette étape de cuisson, qui varie selon tout un chacun. Elles prennent le soin de les enlever dans la marmite et les classer dans le sac. Après une douche, elles empruntent la direction du marché lieu dit le péage. Elles enfilent d’abord le maillot aux couleurs des lions indomptables, cette tenue est le passeport pour accéder au péage. Les bâtons de manioc enfoncés dans le sac, doivent être retirés, puis classés en tas de six avant d’être ficelés. Un premier tas obtenu, il fait déjà l’objet de la vente. Au moins deux parquets de bonbonleu entre les mains, la vendeuse a tout le temps d’affûter son arme. C’est-à-dire la course, la rapidité et surtout l’interpellation des passagers « Bobolo chaud, bobolo chaud ». Tout ceci se passe autour du véhicule, pendant que le chauffeur paie son ticket de franchissement. En-dehors du ravitaillement dans le territoire camerounais, la zone CEMAC est au parfum. C’est le cas du Gabon, d’où ses ressortissants achètent en quantité absolue. Rappelons que cette échange tourne 24/24 heures.


Selon une mamie bobolo ou vendeuse de bâton de manioc, l’activité est certe rentable mais pas facile. Deux facteurs gênent la progression, d’abord le facteur humain avec  l’arrivée des nouvelles figures qui inondent le marché et le facteur climatique qu’est la saison sèche et pluvieuse.


Notons que ce  business occupe le premier rang dans la ville de Mbanga, après la période cacaoyère. Les populations environnantes ont développé une culture du manioc, à tel point où la localité ne connaitra jamais de pénurie sauf en cas de force majeure. Autrement dit quant il y’a la carence dans la ville, les arrondissements voisins tel que Souza, Djombé et Loum viendront en rescousse des besoins. Nous constatons que cette branche d’activité participe au développement de cette zone. Toute une machine est mise en place pour ravitailler les clients et les potentiels clients en temps opportun. Ce qui nous pousse à dire sans risque de se tromper, l’agriculture reste et demeure le socle de l’émergence d’une société.

Ayouba Nsangou Yap.