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Le Palais des Rois Bamoun abrite le samedi 8 janvier 2022, une importante cérémonie traditionnelle, le " MUE MBANSIE", une sorte de veillée de la société secrète MBANSIE et danse patrimoniale de ce royaume. De part les thématiques à l'ordre du jour, il s'agit d'une grande première depuis l'intronisation du nouveau Roi après la disparition de Ibrahim Mbombo Njoya. Le MBANSIE en tant que danse patrimoniale subit les effets  du temps et est aussi menacé de disparition si rien n'est fait comme d'ailleurs la plupart des richesses traditionnelles africaines. Pour parler de cette cérémonie, de ses enjeux pour le développement du royaume Bamoun, du Cameroun ainsi que de l'avenir, Nji Mouchipku Jean Paul s'est confié à votre portail d'informations.

Voici l'entretien avec cet homme dont revient la charge de l'organisation de la cérémonie de "MUE MBANSIE". Il est annoncé dans le programme de cette cérémonie, une batterie d'activités dont l'objectif est, au-delà du secret qui entoure tout de même la société MBANSIE, de la rendre populaire, du moins dans certains aspects afin que la jeune génération s'y intéresse.

1- Bonjour et merci de répondre à nos questions. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Je suis Nji Mouchipku Jean Paul de Manchinghom à Foumban. Cadre retraité de l'administration publique camerounaise, je réside actuellement à Yaoundé, marié et père de 07 enfants. Je suis le coordinateur du Comité technique d'organisation ( CTO) de la cérémonie "Mue MBANSIE".

2- Une cérémonie dite de "MUE MBANSIE" est annoncée pour le samedi 08 janvier 2022 au Palais des Rois Bamoun à Foumban. De quoi s'agit-il concrètement ?

Il s'agit d'un pôle de communion des notables de la cour Royale d'une part et d'autre part d'une occasion de communion entre les Nji du royaume et leur monarque. Au cours de cette mobilisation, les notables réaffirment leur fidélité et leur loyalisme à l'endroit du monarque et renouvellent leur allégeance. Il est également prévu l'exécution du MBANSIÉ, qui est une danse rituelle exclusivement réservée aux notables de la cour.

3- Quelle en est la portée pour la consolidation de la tradition, le développement du royaume et département du Noun et les enjeux aujourd'hui où le frottement entre les traditions africaines et "le modernisme" avec tous ses corollaires est trop grand?

Il est envisagé de pérenniser cet événement suivant un cycle annuel notamment en ce qui concerne l'exécution de la danse rituelle. L'objectif étant de protéger ce rite qui a tendance à disparaître du fait de sa faible pratique. L'Afrique, le Cameroun et le royaume Bamoun en particulier ont été dépouillés de nombreuses richesses culturels au risque pour eux de ne pouvoir rien présenter au grand rendez-vous du donner et du recevoir. Il y a par conséquent lieu pour nous tous de faire tout ce qui est possible pour rattraper ce qui est encore rattrapable. C'est dans cette logique que nous voulons relancer le Mue MBANSIÉ.

4- On parle de MBANSIE comme une société secrète, y'a-t-il des aspects tout au moins ouvert au public et si c'est le cas, quel public attendez-vous pour l'événement de samedi ?

Oui effectivement le MBANSIÉ est une société secrète. Il ne peut être exécuté que par des initiés. Toutefois son aspect sonore est libre d'écoute. Tous peuvent savourer ses mélodies. Nous souhaitons que la jeune génération s'y intéresse.

5- Il y a beaucoup des rites qui sont en voie de disparition en Afrique. D'autres ont tout simplement disparus. Quel est le cas du royaume Bamoun et comment est organisé la sauvegarde et la restauration s'il y en a?

En effet de nombreux rites ont disparus chez les Bamoun. Et leur restauration, lorsque celà est possible, est le principal cheval de bataille de nos monarques successifs. Il vous souvient que sa Majesté le Sultan Ibrahim Mbombo Njoya de regrettée mémoire est celui qui a restauré le Ngouon après que ce rituel ait été banni plusieurs décennies auparavant par l'administration coloniale. Sa Majesté, le Roi Nabil Forifum en a lui aussi fait de la restauration des rites menacés, une priorité parmi les priorités.

Je vous remercie.

Par Aboubakar Sidick MOUNCHILI