Décédé à Paris le 27 septembre 2021, le Cameroun rend hommage à Ibrahim MBOMBO NJOYA à Foumban. C'est une foule de personnalités venues des quatres coins de la République qui a pris part aux obsèques du sultan, roi des Bamoun. Le chef de l'Etat camerounais est représenté par son Premier ministre, chef du Gouvernement.
D'aucuns ont cru que ces obsèques que Paul Biya a voulu officielles pour le haut commis de l'Etat qu'aura été Ibrahim MBOMBO NJOYA, allait se dérouler à la grande cour d'apparat de Foumban. Cette place n'aurait certainement pas pu contenir la foule immense et compacte des populations et des invités. Le comité d'organisation de ces obsèques a eu raison d'opter pour le site du festival Ngouon, au sommet à la sortie de la ville de Foumban. C'est dans ce site désormais mythique que le peuple Bamoun, amis et collègues du roi et des Bamoun, les camarades du parti du défunt, les chefs traditionnels de plusieurs autres communautés, les membres du gouvernement et du corps diplomatique accrédités au Cameroun sont venus dire adieu à cet homme dont la disparition est présentée comme une énorme perte pour son peuple, la région de l'ouest et le Cameroun.
Un riche parcours
Les obsèques du sultan, roi des Bamoun, Ibrahim MBOMBO NJOYA ont été marquées par une série d'interventions fort enrichissantes sur la vie de l'homme, ses oeuvres et l'héritage qu'il a laissé. Du représentant des Nkom, les notables intronisateurs, dépositaires de la constitution du royaume, passant par le représentant des enfants du défunt, le discours des élites, celui des l'association des chefs traditionnels du Cameroun, le Comité central du RDPC, le parti au pouvoir au Cameroun dont Ibrahim MBOMBO NJOYA était un membre fondateur et du bureau politique, jusqu' au message du président de la République lu par le gouverneur de la Région de l'ouest, les qualités de l'homme et l'état de service à la nation, ont été rappelées, dans ce décor de tristesse et surtout de rêve pour l'avenir de cette partie du pays après cette disparition. Le sultan, roi des Bamoun était le 19 ème roi des Bamoun. Son règne de 28 ans à la tête de son royaume n'a pas été un long fleuve tranquille.
A cause de son engagement politique, déclarent de nombreux Bamoun, il est arrivé des moments qu'il ne soit pas suivi par les populations. "Il a été souvent même mis en minorité, lorsqu'il demandait aux populations d'adhérer à un autre parti politique autre que leur choix, celui de l'écrasante majorité pourtant dans le département du Noun" rappelle l'un d'eux, tout traditionnel vêtu, au milieu de la foule, qui a révélé être là pour sa tradition et non pour ce que Ibrahim MBOMBO NJOYA a été politiquement car lui, ajoute-t-il également, il est de l'UDC, le parti du Dr Adamou NDAM NJOYA de regrettée mémoire, natif du Noun, plusieurs fois challenger de Paul Biya à l'élection et ancien maire de la commune de Foumban.
Le maire de la ville exclu du programme de la cérémonie officielle
L'autre fait marquant de ces obsèques, c'est l'absence du maire de la ville, d'abord dans le dispositif d'accueil des personnalités dont le Premier ministre du Cameroun représentant personnel du chef de l'État et ensuite dans la tribune et puis au pupitre des discours.
Dans le programme officiel qui a été publié et largement commenté dans les réseaux sociaux, nulle part, le maire est mentionné. Beaucoup de personnes y voient une machination de certaines personnes et même autorités à des desseins précis. " Ils ne sont pas prêts à aider les Bamoun à surmonter les différents qu'ils y'a entre eux. Ils ne veulent pas reconnaître l'exécutif en place à la tête de la commune de Foumban et les efforts qu'il fait pour le développement de la ville. Ils ne souhaitent pas que la disparition de Ibrahim MBOMBO NJOYA soit l'occasion d'amorcer l'unité des Bamoun, de taire des divisions et de retrouvailles ou de mises en condition pour une construction avec tous du département du Noun" a déclaré un jeune de la région, étudiant, rencontré dans la rue de Foumban, bien déçu de cette organisation sans le maire de la ville ou son représentant. " Un premier ministre d'un pays, en mission officielle et représentant le président de la République, garant des institutions, qui arrive dans une ville sans être accueilli comme ça se fait partout ailleurs, c'est bien assez curieux. Ils ont vraiment piétiné la République et servi un mauvais exemple aux générations futures en mettant de côté l'autorité municipale qui devait l'accueillir en tant que premier magistrat, représentant des populations qui ont d'ailleurs perdu un des leurs avant tout. Le roi était d'abord un citoyen de la ville bien qu'étant une autorité traditionnelle. Dès l'annonce du deuil, madame le maire a pourtant donné des instructions pour que des travaux soient faits dans la ville qui devait à cette occasion, recevoir des hôtes et beaucoup de personnes. La cour d'apparat et la grande mosquée de la ville par exemple ont été transformés, d'importants travaux de reprofilage de certaines routes, engagés. La liste est longue et cela à la grande joie des populations sans distinction", souligne un autre habitant de la ville.