C'est officiel, les élections 2018 très attendues au Cameroun s'ouvrent par les sénatoriales en vue de la désignation des occupants des sièges de l'une des deux chambres du parlement à savoir le sénat. Le président camerounais en a décidé ainsi en convoquant le corps électoral pour le 25 mars 2018. Paul Biya vient là de respecter à la lettre une disposition légale car selon la loi n° 2006/006 du 14 juillet 2006 fixant l'élection des sénateurs, le Sénat se renouvelle intégralement tous les cinq (5) ans et l'élection des sénateurs a lieu au plus tard le dernier dimanche qui précède l'expiration du mandat. Cette chambre compte 100 membres dont 70 sont élus et 30 nommés par le président de la république.
Avec l'annonce de cette élection, Paul Biya coupe l'herbe sous les pieds des sceptiques qui ne croyaient pas à la tenue cette année 2018 au Cameroun d'une quelconque élection en raison des multiples crises internes auxquelles le pays fait face notamment la crise anglophone avec son lot de violences et menaces sur la paix, de même que les menaces du groupe Boko Haram dans le nord du pays, groupe terroriste en déroute grâce à l'efficacité des forces de défenses nationales et la participation des populations. Aujourd'hui, ce groupe, réduit complétement, comme le rappelle assez souvent le ministre camerounais de la communication, Issa Tchiroma Bakary, dans ses derniers retranchements, n'est plus que l'ombre de lui-même avec juste quelques actes enregistrés parfois.
D'autres personnes de leur côté, ne trouvaient mieux que d'imaginer que le président camerounais risque jouer avec le temps en repoussant certaines échéances y compris l'élection présidentielle pour se maintenir au pouvoir ou pour ne s'intéresser que sur sa réélection pour 7 nouvelles années ans à la tête du pays. Dans ce décor de supputations, il y'a le débat sur la nécessité de la révision de la loi électorale et même la constitution avant toute élection qui s'ajoutent, débat que brandissent, arguments à l'appui, de nombreuses formations politiques et observateurs.
Quoi qu'il en soit, cette première élection annoncée est un test à la fois pour l'organisation, la gestion des lendemains de ce rendez-vous et l'assurance quant à l'avenir du Cameroun et le visage politique que le pays présentera à coup sûr à l'issu de la présidentielle comme des élections municipales et législatives. C'est au cours de cette même année 2018 que sont prévues les élections législatives et municipales et l'élection présidentielle.
Les réactions suite au décret convoquant le corps électoral en vue de l'élection des sénateurs sont nombreuses et vont dans tous les sens. Certains politiques trouvent même que " l'élection des conseillers régionaux attendus depuis des décennies, auraient pu au moins précéder cette deuxième élection des sénateurs au Cameroun. La dernière en date remonte en 2013.
D'après l' Article 11 en son alinéa 1 de la Loi n° 2006/006 du 14 juillet 2006 fixant les conditions d’élection des sénateurs, ils sont élus dans chaque région par un collège électoral composé des conseillers régionaux et des conseillers municipaux. Or depuis le vote et la promulgation de cette loi, le conseil régional n'est pas encore mis en place. Seul le conseil constitutionnel, l'autre instance capitale qui semblait être dans les oubliettes, est enfin institué. Un autre décret signé par Paul Biya a nommé ses membres. Ce Conseil va pour la première fois dans l'histoire du Cameroun, veiller sur la régularité d'une élection et la proclamation des résultats. Après avoir eu une très longue expérience dans la gestion électorale, notamment dans sa phase de recensement des voix, Clément Atangana, entre autres attributions du président du Conseil constitutionnel est celui à qui revient désormais le pouvoir de proclamer les résultats de certaines élections au Cameroun. Ce Magistrat Hors hiérarchie, né le 20 septembre 1941 à Ekoumeyek Arrondissement de Ngomedzap, Département du Nyong et So’o, Région du Centre au Cameroun, ancien président de la Commission Nationale de Recensement général des votes pour les élections législatives et pour l’élection présidentielle depuis 1997, a été nommé ainsi que les différents membres de cette cour, mercredi 07 février 2018. Le Conseil Constitutionnel est l'une des institutions nouvelles créées par la loi N° 96/06 du 18 janvier 1996 portant révision de la constitution du 2 juin 1972. L'article 48 stipule que le Conseil Constitutionnel veille à la régularité de l'élection présidentielle, des élections parlementaires ainsi que des consultations référendaires. Le Conseil Constitutionnel proclame les résultats de ses consultations.
Le 25 mars prochain donc, les conseillers municipaux camerounais dont le temps est également compté, vont élire les sénateurs des 10 régions que compte le Cameroun. Il s'agit là d'une élection indirecte qui n'est ouverte qu'a un type d'électeurs précis et non la masse, ce qui veut dire en clair que les inscriptions sur la liste électorale en cours dans le pays, se poursuivent en attendant la convocation du corps électoral pour les élections élections municipales et législatives, celle du président de la république, qui concernent tous les camerounais en âge de voter.
Seul Paul biya détient le calendrier et maîtrise le jeu. Bien malin le camerounais ou celui qui dira avec certitude le prochain scrutin qui sera convoqué même si, au regard des textes, tout le monde connaît quand expire le mandat des differents élus expire.
Aboubakar Sidick Mounchili