La problématique a été au cœur d'un moment d'échange entre le Réseau des médias africains pour la santé et l'environnement (REMAPSEN) et le Cercle des jeunes aveugles réhabilités du Cameroun (CJARC) le 29 Avril 2025 au siège de l'institution à Yaoundé. Occasion pour le REMAPSEN d'évaluer les difficultés rencontrées par les personnes déficientes visuelles face à la pandémie en vue d'un plaidoyer efficient auprès des autorités compétentes.
La rencontre avait pour prétexte la journée mondiale du paludisme célébrée le 25 Avril dernier sous le thème " réinvestir réimaginer, et raviver nos efforts communs pour mettre fin au paludisme ". Un appel à une synergie des acteurs pour vaincre la pathologie devenue un problème de santé publique au Cameroun.
A cet effet la visite du REMAPSEN dans les locaux du CJARC s'est voulue stratégique : " pour la journée de lutte contre le paludisme, nous avons choisi de mettre en lumière la problématique du handicap en rapport avec le paludisme. Nous sommes venus toucher du doigt, comment est ce que les personnes vulnérables vivent véritablement avec cette maladie, et quelles sont les difficultés qu'elles rencontrent au quotidien", a indiqué Prince Mpondo, le coordonnateur national du REMAPSEN.
Il s'avère que le centre dispose d'un internat et d'une petite infirmerie pour gérer les problèmes de santé des pensionnaires comme les cas de paludisme. Seulement Francelline Djomo chargée d'accueil et de l'accompagnement psychosocial au CJARC apprend que " seuls les premiers soins y sont dispensés. Faute d'infrastructures et de matériels adéquats, le centre a souvent recours à des hôpitaux plus performants ." A l'observation les facteurs contribuant aux inégalités de santé chez les personnes handicapées sont aussi bien structurels, sociaux que ceux liés au système de santé lui même.
Coco Bertin président du CJARC en donne plus d'explications : " il faut noter le fait de ne pas avoir les moustiquaires pour mieux protéger les enfants que nous encadrons . Il y'a également un problème de mobilité entre le lieu d'habitation de ces enfants et les structures où nous devons les amener pour les soins.il y'a le fait que quand nous les amenons dans ces structures,il n' y'a pas toujours une prise en compte de l'aspect handicap de manière à ce que les enfants que nous accompagnons soient rapidement pris en charge où qu'ils aient une prise en charge appropriée en relation avec le type de handicap ".
Les mêmes manquements sont fortement décriés dans l'arrière pays par exemple dans la partie septentrionale où les personnes vulnérables sont délaissées à cause d'une absence criarde des moyens de prévention du paludisme et des moyens d'éducation, ou de sensibilisation. Toute chose chose qui cause un lourd tribut en termes de décès dans cette région. Pourtant, il est important de rappeler que la convention de l'OMS relative aux droits des personnes handicapées somme les Etats parties de garantir que ces dernières aient accès à des services de santé gratuits ou à un coût abordable et de même qualité que les services offerts aux autres personnes.
Pour l'instant le Cameroun peine encore à respecter ces engagements dans ses politiques de santé en faveur des personnes handicapées. "Notre plaidoyer est donc que les personnes handicapées soient prises en compte de ce qui se fait comme mobilisation au niveau des programmes de lutte contre le paludisme au Cameroun, qu'il y'ait un volet qui prend spécifiquement en charge les personnes handicapées". Une doléance qui rencontre l'engagement du REMAPSEN qui entend remonter ce plaidoyer au niveau des décideurs .
Le partenariat REMAPSEN - CjARC qui inaugure une nouvelle ère pour les droits des personnes vulnérables a d'ores et déjà de belles perspectives : " Il s'agit ici d'une initiative du REMAPSEN que nous saluons et félicitons. Cette excellente initiative qui nous a permis nous même de nous rendre compte de certaines limites que nous avons en matière de lutte contre le Paludisme. Nous avons été très content des échanges, de la mobilisation des journalistes. Nous avons pris note de certaines lacunes que nous avons par rapport au plaidoyer que nous allons faire pour la cause des personnes handicapées ", a confié avec enthousiasme, Coco Bertin, président du CJARC .
Germaine Ngo Holl