L’avenir au Cameroun est vraiment chargé de secret. Qui va remplacer Paul Biya à la tête du Cameroun ? Lui-même pour un nouveau puisqu’il est candidat ou quelqu’un d’autre ? Ils sont 9 postulants sur la ligne de départ, chacun avec ses atouts et certainement des faiblesses. Votre site d’actualités et des initiatives est au cœur de ce grand évènement que le Cameroun prépare. Nous ouvrons une longue série qui va se refermer au lendemain de la prestation de serment de celui qui sera élu. Acte premier de cette série, le portrait-robot des candidats retenus par Elections Cameroon(ELECAM). Au-delà du parcours des personnalités en présence, nous voulons esquisser une première grille de lecture afin d’évaluer leurs chances de remporter le scrutin. Parmi ces 9, AKERE MUNA est certes nouveau dans cette compétition à la tête du Cameroun, mais il est de ceux dont le nom à lui seul, est une clé qui ouvre de nombreuses portes.
AKERE MUNA fait partie des personnalités reconnues de la société civile camerounaise, au sein de laquelle il est très actif depuis le début des années quatre-vingt-dix. A cette époque, le jeune avocat s’engage aux côtés de son frère aîné alors bâtonnier de l’ordre des avocats, Bernard MUNA, pour défendre les citoyens réprimés par les lois liberticides. Il sera un acteur de poids dans les affaires retentissantes du bâtonnier Yondo Black Mandengué, de Djeukam Tchameni ou de Pius Njawé. Aux côtés de ses confrères Tchoungang Charles, Ngallé Miano, Ngnié Kamga Jackon et de nombreux autres, il va s’illustrer par les plaidoiries dans les prétoires. Pour de nombreux observateurs de la scène politique d’alors, ces avocats et libres penseurs sont les premiers à tracer les sillons du contre- pouvoir, face au parti unique qu’était le RDPC.
Toujours prompt à défendre les causes difficiles, AKERE MUNA se lance dans la conquête du fauteuil de bâtonnier de l'ordre des avocats, que son frère aîné venait d’occuper. Dans les corporations aussi fermées et structurées, il n’était pas évident de réussir ce pari, et pourtant. Gagner ainsi la confiance de ses confrères, aura aiguisé les appétits de ce stratège que l’on rencontrait alors dans les forums de réflexion sur l’alternance politique au Cameroun.
La corruption, une gangrène…
Après son mandat comme bâtonnier, AKERE MUNA va faire parler de lui dans l’affaire qui défraya la chronique, celle du classement du Cameroun parmi les pays les plus corrompus de la planète. Le désormais président de l’ONG Transparency International a enfoncé le doigt dans la plaie. Malgré les alertes des autorités en place, le message passe. L’opération Epervier est lancée pour éradiquer les prévaricateurs de la fortune publique avec pour corolaire l’emprisonnement de nombreux hauts fonctionnaires en charge de la gestion des finances publiques.
Près de trois décennies de combat pour les libertés individuelles, les droits de l’homme et la bonne gestion de la fortune publique se sont écoulées. Ce combat a été mené dans un environnement où le « clan MUNA » faisait figure d’allier naturel du président de la république. En effet, le défunt père MUNA était président de l’assemblée nationale lorsque le président Ahmadou Ahidjo démissionne de ses fonctions, et à ce titre, c’est Solomon Tandeng MUNA qui fera prêter serment pour la première fois au nouveau locataire du palais d’Etoudi. Aussi les MUNA seront pointés du doigt lorsque naît le Social Democratic Front de Ni John Fru Ndi, comme étant dans une conspiration contre l’ordre établi. Sans doute muselés par ce lien de sang, aucun de ces fils ne fera le pas de s’engager politiquement dans une formation. Il faudra attendre quelques décennies pour voir Bernard MUNA créer son parti politique, classé de facto dans l’opposition. En réponse, le pouvoir de Yaoundé nomme la sœur ATTOUTOU MUNA au gouvernement, histoire de « rassurer » la famille. Un jeu de dame qui vaut son pesant d’or, car le leader Bernard Muna va quitter les reines de son parti et le devant de la scène, sans doute pour ne pas faire d’ombre à sa benjamine. La fille MUNA est éjectée du gouvernement et AKERE sort de l’ombre pour la lumière…
Objectif….Etoudi
Le landerneau politique camerounais roucoulait lorsque comme un coup de tonnerre, AKERE MUNA annonce son entrée en politique. Investi par le FPD, il se positionne comme candidat à l’alternance. Au moment où la crise du nord-ouest et du sud-ouest s’enlise, l’avocat ne veut pas seulement tenter sa chance, mais mener la barque Cameroun vers des horizons nouveaux. Il abat son jeu de cartes dans lequel on retrouve la lutte pour le respect des droits de l’homme et du citoyen, la lutte contre la corruption et la bonne gouvernance.
Très vite, les actions de représailles voient le jour pour lui barrer le chemin. Désireux de rencontrer les leaders des mouvements dans le NO/SO, il est convoqué au SED. Il s’en sortira indemne par un tour de passe-passe dont il a le secret…défense. Puis c’est le procès intenté contre lui par sa sœur qui l’accuse dans la gestion de l’héritage de la famille. L’affaire fait les choux gras de la presse et là encore, il faudra plus d’une ritournelle à l’avocat pour éviter une condamnation judiciaire avant le début de la campagne électorale.
Avec la confirmation de sa candidature par ELECAM, AKERE MUNA peut désormais se tourner vers ce qu’il sait faire le mieux, défendre les libertés publiques et plaider pour gagner la confiance de la majorité des électeurs. Là c’est une autre paire de manches…
Pierre Pochangou