On dirait une reculade au Cameroun et une preuve supplémentaire que le chantier de la participation politique des femmes dans le pays est vraiment énorme, qu'il y'a fort à faire pour renverser la tendance ou convaincre même les concernées à monter au créneau. Contrairement à l’élection présidentielle 2011 qui avait enregistré la participation de deux femmes, Kah Walla et Esther Dang, la réalité est tout autre cette année 2018 au Cameroun. Il n'y a finalement que 9 candidats qui vont se lancer à la succession de Paul Biya à la tête du Cameroun. Sur les 9 postulants, aucune femme ne figure, donc en liste sur la ligne de départ. Elections Cameroon a publié le mardi 07 août 2018, la liste officielle des candidats retenus conformément à la loi électorale en vigueur au Cameroun.
C'est au cours d'un point de presse radiotélévisé en présence de certains candidats ou de leurs représentants, des personnalités politiques et bien sûr des journalistes que les résultats des travaux de la session de plein droit, ouverte depuis plusieurs jours et consacrée à l'examen des candidatures déposées à Elecam ont été publiés. Sur 28 dossiers reçus, 27 ont été examinés finalement car il y'a eu un désistement, Isaac Feuzeu, a déclaré le président du Conseil électoral. Sur les 27 dossiers, 18 ont été rejetés pour diverses raisons, au regard des dispositions de la loi électorale a ajouté Abraham Enow EGBE.
Les candidats ainsi recalés ont un délai de 48h pour introduire une requête auprès du conseil constitutionnel.
Les postulants retenus sont Paul Biya, Adamou Ndam Njoya, Garga Haman Adji, Kamto Maurice, Cabral Libii, Serge Espoir Matomba, Akere Muna, Ndifor Afanwi Franklin, Joshua Osih. En scrutant cette liste des 9 candidats retenus jusqu'ici en attendant le verdict du contentieux préélectoral auprès du conseil constitutionnel s'il y'a des recours, il y'a lieu d'observer qu'il y'a sur cette liste, des habitués à cette compétition qui reviennent comme Paul Biya, le candidat sortant, Adamou Ndam Njoya, Garga Haman Adji, des nouveaux visages à l'instar de Cabral , Akere Muna et surtout, ce qui donne certainement des pincements au coeur de certains, l'absence des femmes ou d'au moins une femme, déjà très loin même de la vision au monde aujourd'hui, celle de cheminer vers la parité 50-50. Parmi les dossiers de candidature déposés à Elecam, il y'a avait deux, portés par des femmes, Zeh Amvene Geneviève , candidate indépendante et Habiba Issa de l'UPC( l'Union des populations du Cameroun). Avant même qu'Elecam publie sa liste, certains estimaient au lendemain de leur dépôt, ces deux dossiers étaient constitués à la hâte. A cela s'est ajouté une forte polémique sous fond de bataille au sein même du parti politique UPC où l'on a suivi des sons discordants par rapport à la candidature de Habiba Issa.
Le Conseil constitutionnel ressuscitera t-il ces deux candidates recalées comme les 16 autres, d'après Elecam sur la base des arguments de la loi électorale? L'avenir nous le dira. Mais déjà, il faudrait que Habiba Issa et Zeh Amvene Geneviève saisissent cet organe et prouvent qu'Elecam s'est trompé dans l'examen de leur dossier et pareille pour les autres recalés. Ce qui n'est pas une mince affaire. Et si finalement, il n'y a aucune femme en lice, il ne sera pas déplacé de se demander ce que représentera cette élection du 9 octobre 2018 au Cameroun sans une candidature féminine avec le rôle qui est celui de la femme en politique, dans nos sociétés en quête de repères et dans un contexte où l'on sait que la femme est une actrice de premier plan pour le développement d'un pays.
Aboubakar Sidick MOUNCHILI
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