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Par Pierre Pochangou.

L’économie mondiale est en crise selon les experts, en raison de la chute drastique des prix du pétrole. Cette déclaration est faite dans tous les forums internationaux et reprise en boucle par les universitaires, les analystes de tout bord, et depuis un an il n’y a pas un seul taximan, ou motor boy des cars de transport qui ne confirme cette vérité.


Dans la panoplie de solutions proposées, les africains et particulièrement les camerounais sont les plus originaux. Certains on fait de la lutte pour la sortie des pays du continent du Franc CFA leur cheval de bataille. Ils ont leurs raisons. D’autres multiplient les propositions dans lesquelles les états devraient investir davantage dans les projets à forte rentabilité. Ils parlent avec emphase des accords de partenariat économiques avec leurs incidences sur nos économies fluettes, qui n’ont d’yeux que pour les dons et les prêts des bailleurs de fonds internationaux…Sans doute ont-ils aussi leurs raisons.
L’autre jour au cours de la cérémonie des vœux des personnels de son département ministériel, le ministre Louis Paul Motazé de l’économie, de la planification et de l’aménagement du territoire s’est indigné de voir les quantités importantes de riz et de poisson qui sont importées et injectées dans le marché camerounais chaque année. Son raisonnement est simple et pertinent. Selon louis Paul Motazé les acteurs du secteur privé camerounais doivent s’impliquer dans la production du riz et du poisson pour assurer une réelle autonomie à ce marché national. Mais pour y parvenir il a précisé que les goulots, que dis-je les véritables fossoyeurs de notre économie qui se cachent dans les sphères de l’administration sous le vocable de fonctionnaires, cessent d’imposer leurs « péages » aux initiatives de développement.
En d’autres termes, voilà un pays, le Cameroun qui excelle dans l’importation des friperies de tout genre, qui dispose d’un patrimoine foncier permettant la culture intensive des aliments de première nécessité dans le but d’assurer la très bonne alimentation de toute sa population, et dont les décideurs ne pensent qu’à réaliser leur rêve  de consommer des produits «importés ».
Pour en avoir le cœur net, je me suis rendu dans le nord-ouest, où se trouve l’une des zones de production du riz, à Ndop très précisément. Les agriculteurs y sont volontaristes, l’organisation du travail est exemplaire, mais la commercialisation est davantage tournée vers le Nigeria voisin. Quelle histoire : Le riz camerounais produit à Ndop est plus consommé au Nigeria qu’au Cameroun, tandis qu’au Cameroun on préfère importer le riz thaïlandais…. Après cela on va dire que notre économie est moribonde, et lui attribuer tous les vocables. Ah j’allais oublier que les responsables locaux des services administratifs, (douane, commerce, police, gendarmerie, pour ne citer que ceux-là excellent dans la démobilisation des acteurs de la filière à travers des tracasseries qui n’ont pas de nom. Les agriculteurs sont traqués comme les commerçants par des impôts de tout genre qui rendent le riz camerounais produit localement plus cher que celui importé de Thaïlande. Ce n’est donc qu’en commerçant avec le Nigeria que les opérateurs trouvent leur compte. Wanderfoul !!!
Dans ma quête de l’information je me suis retrouvé à Limbe la ville balnéaire du sud-ouest. Là-bas je voulais manger du poisson, il était hors de prix. Je me suis posé la question de savoir comment on pouvait se retrouver au bord de la mer et dépenser des milliers de nos francs pour manger du bon poisson pêché sur nos rives, alors que quelques centaines de ce même francs suffisent pour acquérir du poisson congelé, importé des rives d’autres pays ? Les réponses m’ont été données par certains acteurs  de la filière désabusés par les pratiques. Là encore les responsables de l’administration décentralisée jouent une partition en défaveur des producteurs locaux. Des « péages » sont institués à tous les niveaux, décourageant les plus téméraires. La place est ainsi faite aux importateurs qui laissent au passage de grosses liasses aux dits « péages ». Et le tour est joué. « Faites ce que vous voulez à Yaoundé, nous sommes des chèvres qui broutent là où vous les avez attachées » un phrase qui sonne en écho à nos interrogations.
Alors une fois revenu sur ma page vierge, je réalise que la véritable politique économique pour nos pays africains et donc pour le Cameroun est « L’autosuffisance alimentaire » qu’affectionnait le président Amadou Ahidjo. Depuis son départ du fauteuil nous n’avons pas bougé d’un pas, car nous sommes allés dans tous les sens, sauf dans la bonne direction.
Je souscris donc au discours du ministre Louis Paul Motazé qui a vu juste. Arrêtons les jérémiades et donnons la priorité au développement du secteur privé pour qu’il joue enfin son rôle de moteur du développement. La fonction publique n’a jamais été conçue pour assurer le développement économique d’un pays, mais pour accompagner et réguler les différents secteurs d’activité. Tant qu’on ne mettra pas en pratique ce préalable, on fera du sur place. Les économistes qui n’ont jamais mis en pratique la moindre des théories apprises sur les bancs des facultés continueront à nous enfumer avec leurs récitations, pour rentrer le soir manger du riz sauté importé de Thaïlande…

Pierre Pochangou

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